C’était il y a dix ans. Emportée par le souffle des révolutions arabes, la
contestation enfle en Syrie contre le régime de Bachar Al Assad. Cette
aspiration à la démocratie est rapidement torpillée par les infiltrations
islamistes et se heurte à la violence de la réaction du régime. L’« État
islamique », né en Irak, en profite pour semer la terreur. L’horreur nourrit
l’horreur et aggrave les souffrances du peuple syrien, et fait au total des
centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. « Les
Syriens ont été victimes de violations des droits humains à une échelle massive
et systématique », comme l’affirme le secrétaire général des Nations
unies, Antonio Guterres.
La Syrie est devenue un champ de bataille politico- diplomatique sur fond
d’intérêts bien compris. Les composantes du peuple syrien paient les
« soutiens » des uns et des autres. Les bombardements aveugles du régime avec
l’appui des Russes et des Iraniens pour contrer les djihadistes sunnites. Le
soutien quasi officiel des Turcs à Daech pour lutter contre les Kurdes. Et le
trouble rôle des États-Unis et d’Israël, pas toujours le même d’ailleurs,
ajoute à la confusion meurtrière. Au bout d’une décennie, un pays en ruine,
dans lequel Bachar Al Assad exerce une souveraineté limitée. La Syrie ne peut
rester le terrain de jeu des puissances régionales et internationales. Pour
rentrer, les millions de réfugiés ont besoin d’un pays stable dans lequel ils
pourront vivre et non survivre. Cela implique que ces puissances fassent passer
les intérêts du peuple syrien en premier. La France peut faire entendre une
voix originale allant dans ce sens. Le peuple syrien s’est fait voler sa
révolution, il est temps de la lui rendre.
Mais déjà, il s’agit
d’alléger les souffrances. C’est ce que demandent ces patriarches d’Orient qui
ont écrit à Joe Biden pour lui demander la levée des sanctions dans un pays qui
risque de sombrer dans un épisode « de famine ». C’est aussi ce
qu’exige l’Unicef, qui alerte sur la dramatique situation des enfants : neuf
sur dix ont besoin d’aide. L’urgence est là : les besoins humanitaires ne
peuvent pas attendre.

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