vendredi 26 mars 2021

« Calcul », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité



Jean-Michel Blanquer a le sens du tempo. Jeudi 24 mars, le ministère de l’Éducation nationale a lancé une campagne sur Twitter avec pour slogan : « Aller à l’école, c’est rester en bonne santé »… En pleine explosion des contaminations en milieu scolaire, la démarche – qui vante les mérites de l’EPS et de la cantine – a quelque chose de surréaliste. Et apparaît, toute anecdotique qu’elle soit, comme le symptôme d’un ministre, sinon en plein déni, du moins en plein calcul. Ce qui est tout aussi inquiétant. Les chiffres s’affolent dans les départements reconfinés, les personnels alertent, mais le « bon élève » du gouvernement fait l’autruche, en se contentant de marteler la position de l’exécutif de ne pas fermer les écoles.

Sur le principe, difficile de lui donner tort. Le premier confinement l’a bien montré : l’impact social d’une telle mesure est gigantesque. Mais le ministre ne peut pas, non plus, faire mine d’ignorer la dégradation vertigineuse de la situation sanitaire dans les classes de certains départements, dont la Seine-Saint-Denis, où le taux d’incidence s’envole chez les 0-19 ans. La non-maîtrise des contaminations, faut-il le rappeler, a également des conséquences dramatiques. En termes de mortalité, bien sûr. Mais aussi de risque de voir émerger de nouveaux variants résistants aux vaccins, et de prolonger encore cette interminable pandémie.

Face à une difficile équation, le dogmatisme de Jean-Michel Blanquer est plombant. Il retarde des mesures alternatives que réclament depuis des semaines les enseignants. Et qui permettraient de lutter contre la propagation du virus, tout en maintenant, autant que possible, les écoles ouvertes : vaccination des personnels, déploiement massif des tests salivaires, allégement des effectifs, équipements pour l’aération, embauche de personnels remplaçants… Et, de manière exceptionnelle, s’il n’y a pas d’autres solutions, fermer temporairement des établissements, mais avec un accompagnement renforcé. Cette politique demande de l’écoute et des moyens. Pas du déni, ni du calcul.

 

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