Que faire de Napoléon, deux cents ans après sa mort, et que retenir ? Le rétablissement de l’esclavage ? Son action juridique et législative ? Le fossoyeur de la Révolution ou celui qui ébranla les monarchies de l’Europe ? Hegel, qui avait vu en lui « l’esprit à cheval », porteur de la Révolution, s’en était détourné. Beethoven lui avait dédié sa troisième symphonie, Héroïque, avant de revenir dessus quand il avait appris qu’il s’était fait couronner empereur. Le hasard veut qu’on en parle alors que Jean-Claude Carrière vient de disparaître. Il fut le scénariste du film de Luis Buñuel, le Fantôme de la liberté. C’est celui où le réalisateur espagnol inverse toutes les situations de la vie quotidienne jusqu’à l’absurde. Il s’ouvre avec, au générique, le Tres de Mayo, de Goya, le célèbre tableau représentant un insurgé madrilène fusillé par les soldats des troupes napoléoniennes. Elles venaient au nom de « la liberté ». Les insurgés fusillés ont crié : « À bas la liberté ! » Hegel parlait des « ruses » de l’Histoire.
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