Les mots ont-ils un sens en Macronie ? En
mars dernier, face à la catastrophe mondiale qui se profilait, la première loi
d’urgence sanitaire autorisait à prendre « toute mesure » permettant
la mise à disposition de médicaments propres à éradiquer la pandémie de
Covid-19. L’ambition était claire. La volonté beaucoup moins. Pour preuve :
alors que chacun reconnaît que seule une campagne de vaccination massive nous
sortira du cercle infernal des contaminations, le gouvernement et l’Union
européenne, au nom de funestes dogmes libéraux, restent sourds aux mesures,
justement, qui permettraient de démultiplier la production des précieux sérums
et de garantir leur accès universel.
À l’heure actuelle, les labos privés,
l’œil rivé sur leurs profits, continuent de faire la pluie et le beau temps.
Ils dictent le tempo de la production, faisant surtout la démonstration, à
l’image d’AstraZeneca, de leur incapacité à fournir les doses promises et nécessaires.
Une situation de pénurie scandaleuse, qui creuse les inégalités, et face à
laquelle l’attentisme des dirigeants français et européens confine à la
complicité. Car des solutions existent pour s’extraire de cette dépendance aux
géants pharmaceutiques. Et permettre aux États de reprendre la main. L’une
d’elles s’appelle la licence d’office. Cet outil juridique autorise à racheter
le brevet à son titulaire et permet aux laboratoires concurrents d’exploiter ce
savoir-faire à leur guise. Ce mécanisme nécessite une simple négociation avec
les labos détenteurs de vaccin.
Et un arrêté ministériel. Une pratique courante mise
en œuvre pour les DVD, dans l’aérospatiale… Mais pas pour sauver des vies ?
Depuis plusieurs jours, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent à travers
le monde pour aller en ce sens. Des élus communistes jusqu’à l’OMS, chacun
réclame de faire sauter le verrou du monopole privé de Big Pharma. Et à ne plus
indexer la vie humaine sur les courbes de rentabilité et le droit de la propriété
industrielle. Il y a urgence.
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