« Choc de solidarité » comme « bifurcation sociale et
écologique » sont au programme de Clémentine Autain, qui se lance jeudi en
Île-de-France pour battre la droite. Entretien.
La date des élections régionales est
désormais fixée : sauf contre-indications sanitaires, elles auront lieu les 13
et 20 juin. Alors que la campagne s’amorce, la députée FI Clémentine Autain,
à la tête d’une liste de rassemblement avec le PCF en Île-de-France, lance la
sienne ce jeudi, avec un meeting au Théâtre-Studio, diffusé sur les réseaux
sociaux. La cheffe de file du PCF Céline Malaisé, l’actrice Ariane Ascaride ou
le médecin urgentiste Christophe Prudhomme figurent parmi les participants.
Votre candidature se veut « l’antithèse » de celle de Valérie
Pécresse. Comment jugez-vous son bilan ?
CLÉMENTINE AUTAIN : Son projet est construit autour
d’une obsession : viser la compétitivité et la concurrence de tous contre tous.
Elle privilégie la course aux mégalopoles sur la quête d’égalité et de justice,
sur la qualité de vie et la réponse aux besoins véritables des habitants. Cette
idéologie se traduit de façon très concrète dans tous les domaines. Un
exemple : accompagner la construction du CDG Express, cette ligne de train
qui relierait Paris à Roissy pour 25 euros, plutôt que d’investir dans
les travaux de rénovation du RER B. C’est un public d’hommes d’affaires et
de touristes qui est privilégié, au détriment des transports du quotidien. La
politique de Valérie Pécresse se traduit par une hausse des inégalités sociales
et territoriales. Et les défis écologiques sont, au mieux, traités par du
greenwashing.
Comment la crise démontre-t-elle les failles de cette politique
néolibérale ?
CLÉMENTINE AUTAIN : Une région tournée vers les
intérêts privés, et non vers le bien commun, ne peut pas être un rempart dans
la crise sanitaire et sociale. Valérie Pécresse nous dessaisit des leviers qui
permettent à la région d’agir contre les désastres sociaux. Regardez ce qu’il
se passe à la raffinerie de Grandpuits. La région a donné 132 000 euros à
Total et sa présidente reste totalement silencieuse alors que la seule
raffinerie d’Île-de-France pourrait fermer. Le choix de Total, qui bat des
records en matière de profits, menace à la fois 700 emplois, l’environnement et
le bassin territorial de Provins. Une région protectrice doit chercher à
empêcher ces effets d’aubaine. Elle doit intervenir pour assurer un changement
de modèle de développement soutenable à l’heure de la crise climatique. Elle
doit investir dans tout ce qui fait du lien et du bien. Valérie Pécresse a
divisé par trois le budget pour la production de logements sociaux. C’est une
folie.
Vous proposez, si vous êtes élue, un « choc de solidarité » dès
juillet. En quoi consiste-t-il ?
CLÉMENTINE AUTAIN : Il s’agit d’abord d’une batterie
de mesures d’urgence. Nous voulons multiplier par dix, dès juillet, le budget
de l’aide alimentaire. Dans les cantines, nous voulons la gratuité immédiate
pour les premières tranches du quotient familial. Et arrêter les subventions
aux entreprises qui licencient alors qu’elles font des profits. Dans le même
temps, nous voulons enclencher la bifurcation sociale et écologique, en lien
avec les collectivités locales. C’est, par exemple, arrêter les aides aux
villes qui ne respectent pas la loi SRU et investir dans la rénovation
thermique des bâtiments. C’est créer des emplois favorisant la solidarité et
l’entraide pour les jeunes, et moins jeunes, peu qualifiés. C’est aussi la
gratuité immédiate des transports pour les moins de 18 ans. Nous voulons
dégager des moyens inédits pour développer les transports publics.
Audrey Pulvar, soutenue par le PS, et Julien Bayou, soutenu par EELV, sont
également candidats. Comment envisagez-vous le débat à gauche ?
CLÉMENTINE
AUTAIN : Mon ambition n’est pas de jouer au
jeu des sept différences avec l’un ou l’autre, car c’est Valérie Pécresse qu’il
faut affronter. Ma candidature porte une double exigence : le
rassemblement et la transformation en profondeur. Je suis heureuse et fière
d’être cheffe de file d’une union entre les insoumis et les communistes qui
cherche à donner toute sa place aux mouvements citoyens et aux personnalités
des luttes sociales. Cette union est de nature à créer la dynamique. Nous
proposons l’alternative la plus cohérente face à la droite. Notre vision du
changement peut fédérer les forces vives des quartiers populaires, du
mouvement social, intellectuel et culturel. Pour l’instant, je suis la seule à
avoir dit que, si nous sommes en tête à gauche au soir du premier tour, je
m’engagerai pour la fusion des listes de gauche et écologistes. Le dire
d’emblée, c’est ouvrir l’espoir d’une victoire face à Valérie
Pécresse.
Rassemblements en cours
Outre
l’Île-de-France, où le choix de la tête de liste fait l’objet d’un recours
interne au PCF, les communistes et les insoumis pourraient se retrouver dans
plusieurs régions. En Auvergne-Rhône-Alpes, c’est Cécile Cukierman (PCF) qui
pourrait conduire une liste commune « très ouverte au mouvement
social ». Une conférence régionale de sa formation s’est prononcée en
ce sens, dimanche dernier. C’est désormais aux militants locaux de trancher,
fin février, par un vote entre cette hypothèse, celle d’une alliance avec le PS
ou une liste autonome. En Normandie comme dans les Hauts-de-France, les
communistes espèrent rassembler la gauche encore plus largement, respectivement
derrière leur député Sébastien Jumel et leur secrétaire national Fabien
Roussel. Ailleurs, d’autres choix ont été faits. À l’instar de l’Occitanie où
PS et PCF sont alliés dans une liste conduite par la présidente socialiste
sortante de la région, Carole Delga.
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