Si la lucidité selon René Char est la
blessure la plus rapprochée du soleil, l’aveuglement est la plus rapprochée de
l’élection présidentielle comme le centre autour duquel ne cessent de tourner les
politiques. Alors essayons plutôt la lucidité. Dans l’état actuel des choses,
on ne voit aucune figure de gauche et écologiste en situation d’accéder au
second tour et le scénario de 2017 semble bien appelé à se reproduire, avec une
différence, toutefois, et de taille. Après des mois et des mois de politiques
dures aux plus modestes, flattant les thèmes les plus délétères, détournant
toutes les urgences vers les questions sécuritaires, le séparatisme, etc., la
possibilité d’une issue différente ne peut plus être exclue.
La question d’aujourd’hui, alors, pour la
gauche et les forces progressistes, ce ne peut être d’abord et toutes affaires
cessantes qui est candidat ou candidate, mais, dans une situation économique et
sociale dont on sait qu’elle a toutes les chances de devenir dramatique,
c’est : comment faire face ? Comment faire évoluer les consciences vers des
politiques autres que celles des duettistes, si ce n’est par la collaboration
de toutes celles et tous ceux qui les refusent, avec les apports des uns et des
autres, sans dogmatismes ni crispations identitaires. Il n’y a pas de sauveur
suprême tenant le drapeau du changement.
La période est inédite. La crise, dans la
tension et l’inquiétude, pose aussi, et avec force, la question d’une gestion
démocratique des biens communs. Elle éclaire d’un jour cru la marée des
inégalités et les scandales des fortunes et des gestions vouées aux dividendes.
Sanofi en est un exemple scandaleux et insupportable.
La gauche, même éparpillée « façon puzzle », ne peut remettre
à une élection piégée à maints égards les rassemblements à construire pour
obtenir maintenant, ici et là, des avancées, comme un RSA pour les jeunes,
s’opposer aux mauvais coups, exiger une contribution des fortunes au bien
public. Se porter candidat ou candidate n’interdit pas d’échanger, d’agir avec
d’autres et, même avec un puzzle, on peut dessiner une perspective, ou plus.
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