Ce week-end, la collectivité européenne d’Alsace,
fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, est devenue
réalité avec l’élection de son premier président, le LR Frédéric Bierry.
Née officiellement avec la nouvelle année,
le 1er janvier, la collectivité européenne d’Alsace (CEA), a vu son premier
président, Frédéric Bierry (LR), élu samedi. « Maintenant, c’est parti.
L’Alsace est de retour ! », a lancé, fort enthousiaste et en alsacien
le doyen de l’assemblée, Yves Le Tallec, avant que l’unique candidat, jusque-là
à la tête du Bas-Rhin, ne l’emporte par 75 voix sur 79 votants. « La
nouvelle collectivité européenne d’Alsace est née du refus d’une loi stupide,
la loi NOTRe », a ensuite martelé Frédéric Bierry lors de son discours
inaugural.
La coopération transfrontalière inquiète
Depuis cette loi de 2015 portant notamment
sur la fusion des régions, l’Alsace avait disparu dans le Grand-Est, ravivant
la volonté de voir survivre l’identité de ce territoire. Un rapport de
l’ex-préfet Jean-Luc Marx remis au premier ministre en juin 2018, qui
soulignait la persistance d’un « désir d’Alsace », avait servi
de point d’appui pour entériner cette décision de fusion. Reste que le nouveau
président LR fait peu de cas du référendum local de 2013. Marqué par une forte
abstention, le scrutin avait cependant révélé le refus d’une majorité
d’Alsaciens de voir disparaître leurs départements, qui n’existeront désormais
que comme circonscriptions administratives.
Mais l’avènement de cette nouvelle
collectivité fait aussi des heureux au gouvernement. Lequel prépare un projet
de loi de réforme territoriale favorisant le droit à la différenciation, soit
la possibilité pour les collectivités d’adopter des compétences et statuts
particuliers, voire d’adapter la loi nationale. Avec la métropole de Lyon ou
encore la Corse, l’Alsace devient un laboratoire grandeur nature.
Outre, les compétences des deux anciens
départements, la CEA s’occupera notamment de la coopération transfrontalière,
du bilinguisme, du tourisme ou encore du réseau routier. « Mais le
temps de la reconquête ne s’arrêtera pas là », a prévenu Frédéric Bierry,
promettant de « saisir de toutes les opportunités pour récupérer des
compétences ». De quoi susciter des inquiétudes : « Lorsqu’on parle
du transfrontalier, le risque existe d’aller vers des lois locales adaptées au
moins-disant social en prenant la loi allemande ou suisse plus défavorable aux
salariés », prévient Antoine Splet, conseiller PCF de l’Eurométropole
de Strasbourg, soulignant que, déjà « sur l’aéroport de Bâle-Mulhouse,
c’est le droit social suisse qui prime ».
Les 80 places de conseillers de la CEA seront en jeu
lors des départementales de juin. La question de son siège – Colmar ou
Strasbourg – reste, elle, en suspens.
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