Deux soldats français ont été tués samedi alors que leur convoi patrouillait dans le nord du pays. C’est le deuxième incident de ce type en une semaine.
En moins d’une semaine, l’armée française
a été touchée à deux reprises au Mali. Deux soldats, dont une femme, ont
succombé samedi à une attaque à l’engin explosif artisanal, après la mort de
trois militaires lundi dans des circonstances similaires. Ces deux décès
portent à 50 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans
les opérations antidjihadistes « Serval » puis « Barkhane ». Tout en saluant la
mémoire des soldats tués, Emmanuel Macron a aussi réaffirmé « la
détermination de la France dans son combat contre le terrorisme ». Mais il
s’est bien gardé de remettre en cause une stratégie qui s’avère bel et bien
être un échec.
D’ailleurs, ces attaques mortelles
surviennent alors que la France envisage une réduction des effectifs de la
force « Barkhane » et se dit ouverte à des négociations avec des groupes
sahéliens, à l’exception des directions d’al-Qaida et du groupe « État
islamique ». La force « Barkhane », qui s’étend sur cinq pays du Sahel, a été
étoffée de 600 soldats, ce qui a porté son effectif total à 5 100
en 2020. Elle a revendiqué la « neutralisation » de dizaines de
djihadistes ces dernières semaines, au côté de la force du G5 Sahel. Mais
ce sont plutôt des victoires à la Pyrrhus. Pour preuve : face à la persistance
des violences, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de
transition au Mali n’excluent pas d’engager des négociations avec des groupes
armés, tout comme auparavant le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par
un putsch en août.
Vers un possible dialogue avec les groupes armés
« On mène une guerre contre deux
organisations qui ne sont pas sahéliennes mais internationales et qui mènent un
combat terroriste au-delà de la région », a
relevé un proche de la présidence française. Avec l’« État islamique » au Grand
Sahara (EIGS), désigné comme l’ennemi numéro un lors du sommet de Pau en
janvier 2020, « il n’y a pas de négociation possible (…) et personne ne
le demande dans la région ». Le Groupe de soutien à l’islam et aux
musulmans (GSIM), principale alliance djihadiste du Sahel, appelle au retrait
de la force « Barkhane ». De son côté, la France exclut toute discussion avec
l’état-major du GSIM, qui « répond à la hiérarchie centrale
d’al-Qaida ». Mais Paris a déjà laissé entendre que la doxa selon
laquelle « on ne négocie pas avec les djihadistes » méritait
une analyse plus fine au Sahel, où les groupes armés s’inscrivent au quotidien
dans les dynamiques politiques locales. « Personne n’a jamais réussi à
négocier avec al-Qaida et ce n’est pas la France qui va le faire », précise-t-on
à l’Élysée. Mais, ajoute-t-on de même source, certains éléments du GSIM « ont
un agenda beaucoup plus national, souvent opportuniste, parfois régional. Avec
ces interlocuteurs-là, il est possible d’avoir une autre réponse (…). Il n’y a
aucune raison pour la France de faire obstruction à de telles discussions ».
« Engager un dialogue avec les djihadistes
du Mali soulève un nombre incommensurable de contraintes et de difficultés », écrivait il y a quelques mois, dans un rapport
pour la Fondation Berghof, Ferdaous Bouhlel, spécialiste des conflits et
médiations. Mais « l’État malien ainsi que le GSIM ont émis la volonté
respective d’engager un processus de dialogue (…), faisant de cette idée,
perçue hier comme une utopie bercée d’idéalisme et de naïveté, une réalité
relevant du possible ».
Tension en centrafrique
Des
groupes armés ont attaqué dimanche matin la ville de Bangassou, dans le sud-est
de la Centrafrique, deux semaines après une offensive lancée par les rebelles
et à la veille des premiers résultats de l’élection présidentielle, selon le
chef du bureau régional de la Minusca (mission des Nations unies) dans la
ville.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire