vendredi 1 janvier 2021

Disparition. Robert Hossein, du grand spectacle au théâtre comme au cinéma



Michaël Mélinard

Acteur dans près de 120 films, réalisateur de 14 autres, auteur, metteur en scène d’une trentaine de spectacles, souvent démesurés, il a attiré et séduit un large public tout en divisant la critique. 

Robert Hossein, figure populaire des planches et du cinéma n’est plus, emporté par des problèmes respiratoires, au lendemain de son 93 ème anniversaire. Né en 1927, à Paris, Robert Hossein reste pour beaucoup l’homme à la balafre, le comte Geoffrey de Peyrac, d’Angélique, marquise des anges, l’une des sagas cinématographiques les plus rediffusés de la télévision. 

Mais l’acteur populaire est aussi un immense homme de théâtre, celui qui a entrepris de le moderniser et de le rendre accessible au plus grand nombre, pour le meilleur et parfois pour le pire. Au début des années 1970, il prend la tête du théâtre populaire de Reims, ouvrant par la même occasion une école d’art dramatique. Son slogan, « Du théâtre comme vous n’en voyez qu’au cinéma ». Car Hossein, l’autodidacte, dont le père vient de Samarcande (Iran) et la mère de Kiev (Ukraine), s’est formé dans les petites salles obscures parisiennes et au fil de ses rencontres. Passé par le cours Simon, il promène sa belle gueule dans des petits rôles au cinéma. Au théâtre, il écrit dès 1949 Les Voyous. En 1955, il donne la réplique à Bardot dans du Rififi chez les hommes de Jules Dassin. Mais c’est avec Angélique qu’il devient une star. Dès 1955, il réalise son premier long-métrage, les «Salauds vont en enfer» avec sa première épouse, la comédienne Marina Vlady. Treize autres longs-métrages suivront. Mais le plus marquant chez lui demeure sa propension à la démesure. Hossein défend le grand spectacle. En 1975, il crée sa compagnie et met en scène au palais des congrès de Paris, «la prodigieuse aventure du cuirassé Potemkine». C’est le premier d’une longue série de projets ambitieux et un brin démagogue. Au palais des Congrès, à Paris, il crée «Danton et Robespierre», avec Daniel Mesguich, Bernard Fresson, Hugues Quester. Se souvenant d’avoir assisté à l’événement, un ex de la JC raconte les sifflements lors de l’arrivée de Danton et la standing-ovation saluant l’entrée en scène de Robespierre. Notre Dame de Paris (1978), Les Misérables (1980), Un homme nommé Jesus (1983), La liberté ou la mort (1988), Je m’appelais Marie-Antoinette (1993) ou De Gaulle, celui qui a dit non (1999) s’inscrivent dans la veine d’une vision pop-corn de l’histoire. Des acteurs, des figurants par dizaines (voire par centaines), des budgets qui se chiffrent en millions, la recette Hossein fonctionne souvent et attirent des centaines de milliers de spectateurs tout en divisant la critique.

Parfois, comme dans l’affaire du courrier de Lyon (1987) ou l’affaire Seznec, un procès impitoyable (2010) le public est invité à voter comme un jury populaire, refaisant l’histoire à sa sauce. Hossein voit grand, très grand et s’offre un blockbuster théâtral avec un Ben-Hur (2004) au budget cinématographique de 13 millions d’euros. Au Stade de France, il recrée la mythique course avec sept chars et 28 chevaux. Parallèlement, il a repris grâce à Bernard Arnault la direction artistique du théâtre Marigny à Paris en 2000. Les projets y sont à taille plus humaine. Il accueille pour sa réouverture, Isabelle Adjani, la même qu’il avait dirigé à Reims dans les années 1970, dans la Dame aux Camélias, mise en scène par Alfredo Arias. Mais Robert Hossein est aussi un fervent catholique mystique, baptisé sur le tard (à 50 ans). Sa croyance se matérialise dans ses projets. Là aussi pharaoniques:   N’ayez pas peur, Jean-Paul II au Palais des sports (2007), Une femme nommée Marie (2011), créée dans le sanctuaire de Lourdes pour une date unique, pendant la transhumance catholique de l’Assomption devant plus de 25000 spectateurs dont 1500 malades. Son parcours, riche d’une centaine de films et d’une trentaine de pièces, ne suffit pas à résumer la popularité du personnage populaire et controversé. Gilles Jacob, l’ancien patron du festival de Cannes lui a rendu un bel hommage sur Twitter. « Il a été acteur, auteur, metteur en scène, c’était le prince du théâtre populaire, on ne compte pas ses succès, il avait un sourire charmeur, un œil de velours, une belle voix : que d’atouts pour un homme qui avait le charme de Robert HOSSEIN - c’est normal puisque c’était lui ! ».

 

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