Après le verdict, l’avocat français de Julian Assange
accueillait avec soulagement le refus de l’extradition. Prochaine étape, sa
libération. Entretien.
ANTOINE VEY. Avocat français de Julian Assange
Comment réagissez-vous à ce verdict ?
ANTOINE VEY : C’est un immense soulagement parce
que les enjeux sur le plan humain étaient fondamentaux. Une extradition étant
donné l’état de santé de Julian Assange aurait été dramatique. Durant le
procès, l’argumentaire de la défense, qui s’appuyait sur le témoignage du
rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, et sur l’avis
de 140 médecins, a finalement pesé. La juge Vanessa Baraitser a refusé son
extradition vers les États-Unis pour cette raison.
Le combat n’est donc pas terminé. La
justice britannique n’a pas pris en compte les arguments de Julian Assange sur
l’aspect essentiellement politique du dossier. La juge a estimé que le dossier
américain était suffisamment détaillé et que les États-Unis pourraient
organiser un procès en toute indépendance. Sur cet aspect, il s’agit d’une
défaite. Il faudra répondre à la vacuité des charges et expliquer que Julian
Assange reste poursuivi pour avoir informé l’opinion publique. Les regards
se tournent désormais vers Washington. Le gouvernement américain aurait déjà
annoncé son intention de faire appel.
Après deux ans de prison à Belmarsh, sa libération est-elle la prochaine
bataille à mener ?
ANTOINE VEY : Nous allons déposer une demande de
mise en liberté. Cette décision pourrait intervenir mercredi. Sa libération est
primordiale pour que Julian Assange puisse bénéficier de soins vu son état
santé. Cela lui permettrait de revoir ses proches et de sortir de l’isolement
forcé dans la prison de Belmarsh. Elle lui assurerait aussi une meilleure
défense, sa détention ayant servi à museler sa parole. Elle reste importante
pour qu’il fasse valoir ses arguments directement et rendre compte des abus
dont il a été victime.
En quoi la mobilisation est-elle primordiale ?
ANTOINE
VEY : L’opinion publique a un rôle déterminant
à jouer. Car il s’agit de défendre un homme, journaliste ou non, qui a diffusé
des informations d’intérêt public. L’enjeu est bien démocratique sur le droit
et la liberté d’informer. Dans le sillage de l’Allemagne, la communauté
internationale doit se saisir de cette affaire. Le dialogue international et
politique peut mettre un terme à cette persécution. La France doit prendre
désormais ses responsabilités et sortir de son silence.
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