dimanche 31 janvier 2021

Intervention de Brigitte MORANNE sur la vaccination à l’occasion du point COVID

 


 « Groupe communiste-citoyen et anticapitaliste »

 Conseil municipal du 28 Janvier 2021

Alors que la pandémie a fait plus de 2 millions de morts partout dans le monde, que les personnels soignants sont épuisés et que les hôpitaux travaillent à flux tendus depuis bientôt un an, l’accès au vaccin n’est pas assuré. Après le fiasco gouvernemental des masques et du manque de protections pour les personnels soignants en début de crise sanitaire, aujourd’hui le vaccin anti-Covid n'est pas assuré !!

Ce sont les mêmes politiques à courte vue, d'austérité et de marchandisation de la santé, qui ont détruit tout le tissu hospitalier, organisé la pénurie médicale, et étranglé financièrement les hôpitaux, qui ont aussi fait le choix d'abandon de recherche/développement et de production de médicaments sur le territoire français !

Alors que tout le monde s’accorde à dire que les pénuries de médicaments ou les délocalisations de production sont inacceptables, le Sénat a rejeté le 9 décembre, par 252 voix CONTRE et 27 POUR cette proposition de loi du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste « pour un service public du médicament » au service de l’intérêt général, qui aurait permis de s’affranchir du pouvoir des groupes pharmaceutiques, et de retrouver une souveraineté nationale dans un secteur essentiel.

Alors qu'après plusieurs mois de pandémie et l’arrivée de nouveaux variants, que nous pouvons enfin avoir accès à un vaccin anti-covid, notre pays n'a aucune maitrise, et aucune stratégie, si ce n'est de déléguer ses prérogatives de santé publique à des consultants et des plateformes privées telle que Doctolib !

L'hôpital de Montreuil et la Ville de Romainville avec son centre de Santé et les médecins libéraux ont créé les conditions pour vacciner le plus vite possible les populations ciblées...

 Mais voilà : les vaccins ne sont pas au rendez-vous !! Le préfet a demandé aux maires du département l’annulation des RDV et le report des inscriptions. Vous avez d’ailleurs pu prendre connaissance de ce communiqué dont Mr le Maire nous a fait part. Alors que notre territoire a été un des plus durement touché en termes de surmortalité pendant la 1ère vague aucun centre de Santé n’est en capacité de démarrer la vaccination. Le directeur de l’ARS a déclaré la semaine dernière, le stock peut permettre de vacciner 1% de la population d’Ile de France. Ceci est inadmissible au regard de la crise sanitaire et de la crise sociale qui en découle

LE MEDICAMENT EST UN BIEN COMMUN UNIVERSEL ! " a proclamé la présidente de la Commission Européenne

Alors oui ! C'est une exigence immédiate et vitale !

L’industrie pharmaceutique a marqué l’histoire de Romainville. Le territoire de l’Horloge porte les traces de ce passé industriel et du développement de l’aventure pharmaceutique, avec Roussel-Uclaf puis Sanofi Aventis. Sanofi dont les plans de réductions d’activité et d’emploi sont inversement proportionnels à la courbe de ses cotations en bourse et des dividendes versés aux actionnaires ; En ce moment même, Sanofi supprime 400 postes de travail. Cette firme est passée en quelques années de 11 laboratoires à 3 laboratoires. Voilà ce que nous sommes en train de payer au prix de milliers de vies humaines en ce moment.

Il y a un an la dernière entreprise pharmaceutique de Romainville « Fareva » licenciait ses 55 salariés, tous trentenaires, ils avaient acquis des compétences en chimie fine. Ils conditionnaient de la Framycétine et de l’Hydrocortancyl injectable. Dès décembre 2018, ils avaient interpellé l’ensemble du conseil municipal mais n’avaient pas été entendus par l’ex- majorité. Après avoir rencontré ces salariés, à plusieurs reprises, notre groupe a tenté d’intervenir au Conseil municipal pour une action commune contre cette fermeture et porter la parole de ces employés qui défendaient leurs emplois mais alertaient aussi sur le risque de rupture, il faut croire que le sujet dérangeait puisque mon micro avait été coupé lors de mon intervention en Conseil municipal.

Fareva a fermé en décembre 2019 pour une opération foncière, la reconversion de ce site a été inscrite dans la modification N° 15 du PLU malgré une pénurie d’hydrocortisone en France survenue en Mai 2019. Nombre de nos concitoyens découvrent ainsi notre dépendance totale de laboratoires privés étrangers due pour une part essentielle à l’affaiblissement organisé de nos capacités de production, au bénéfice de la financiarisation. Il est urgent de mettre ces enjeux en débat. D’ores et déjà, notre groupe a répondu à l’appel de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux en publiant l’appel à signer la pétition européenne sur les réseaux sociaux. Nous refusons de rester silencieux face à ce scandale sanitaire.

Les outils existent pourtant pour faire du vaccin un bien public mondial, émancipé des règles de fer de la propriété privée intellectuelle. Il y a vingt ans, la déclaration de Doha à l’OMC a reconnu le droit des pays confrontés à une pandémie comme le VIH de faire primer les impératifs de santé publique sur les lois des brevets. L’Union Européenne y peut quelque chose. Depuis mars 2020, l’Allemagne dispose, par exemple, d’un cadre permettant d’aller jusqu’à l’expropriation en cas d’urgence pandémique. Avec son texte sur l’état d’urgence sanitaire, la France détient également plusieurs cartes pour réparer un système privé défectueux : elle a ainsi la possibilité de « prendre toute mesure permettant la mise à la disposition des patients des médicaments appropriés pour l’éradication de la catastrophe sanitaire » et elle peut aussi procéder à la « réquisition de biens ou de services ».

L’article 613-16 du Code de la propriété intellectuelle dispose qu’un vaccin peut faire l’objet d’une « licence d’office » (c’est-à-dire une autorisation de fabrication sans l’accord du détenteur du brevet) lorsqu’il est « mis à la disposition du public en quantité ou qualité insuffisantes ou à des prix anormalement élevés ». Alors, qu’attend-on pour éviter la rupture de stock ? On doit pouvoir permettre à des entreprises comme Sanofi, par exemple de produire les vaccins actuellement validés par l’agence européenne du médicament.

Cette exigence commence à gagner du terrain puisqu’il y a 2 jours, nous avons appris qu’un accord entre Sanofi et Pfizer prévoyait 100 millions de doses pour Juillet 2021. Ceci pour toute l’Europe, c’est insuffisant, mais cela montre que c’est possible de faire autrement. Il faut continuer de porter cette exigence afin que d’autres entreprises participent aussi à la fabrication du vaccin anti-Covid., car pour l’instant, il est le seul espoir de retrouver une vie normale.

 

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire