Vendredi, après quarante-sept ans de vie
commune, le Royaume-Uni va boucler sa valise et quitter la maison Union
européenne. On ne sait pour lequel des deux acteurs le moment sera le plus
déterminant pour son avenir. L’accord conclu jeudi à la dernière minute possède
encore trop de zones floues pour se hasarder à un pari. Il n’en reste pas moins
qu’en regardant l’affaire sous le prisme grand-breton on peut en faire quelque
miel.
Au début était l’un des coups de poker les
plus foireux de l’histoire des coups de poker foireux : celui, en 2013, de
David Cameron, pensant couper l’herbe sous le pied de son aile droite en
proposant un référendum. Voilà ce qui se produit lorsque l’on veut jouer au
plus malin en reprenant à son compte une idée de la concurrence, en pensant
ainsi l’anesthésier : il arrive qu’on lui donne vie. Mais, pour qu’elle
devienne une force matérielle, il faut qu’elle s’empare des masses, comme
disait Marx, un temps résident londonien. C’est précisément ce qui s’est
déroulé outre-Manche, où les apôtres du plus pur libre-échangisme ont enrobé
leur projet de nostalgie – la pire des conseillères politiques. Cette
dernière a contribué à pousser une partie de l’Amérique dans les bras de Donald
Trump et une partie du Royaume-Uni – de l’Angleterre, pour être plus
précis – à jouer aux dés avec l’Histoire.
Un âge d’or purement fantasmé revivra-t-il dans les
nouveaux habits d’un « Singapour-sur-Tamise » ? On peut fortement en douter. Il
y a certainement plus de chance pour que les thuriféraires de la grandeur
britannique soient les agents actifs du démantèlement du dernier morceau
d’Empire : le Royaume-Uni lui-même. Et puisque c’est de saison : on peut encore
plus craindre que le peuple britannique ne soit le dindon de la farce,
l’indécente manipulation autour du système de santé – le NHS – au
moment du référendum étant assez indicative du type de menu prévu par les
conservateurs-populistes.
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