Pierre Laurent continue de demander le retrait total
de la loi et compte sur le Sénat, dont il est vice-président, pour faire
reculer la Macronie.
PIERRE LAURENT, Sénateur PCF, vice-président du
Sénat
Les responsables de la majorité ont annoncé une « réécriture
complète » de l’article 24. Est-ce satisfaisant ?
PIERRE LAURENT : Pas du tout. Le groupe LaREM,
depuis le début de cette affaire, a le faux nez du gouvernement. Et le
gouvernement se moque du monde : depuis une semaine il joue au chat et à la
souris pour tenter de sauver l’article 24. Or l’exigence de la foule de
citoyens mobilisés samedi est absolument claire : le retrait de
l’article 24 est demandé, et non sa réécriture. Nous – et toute une
partie des forces mobilisées – voulons le retrait pur et simple de cette
loi. C’est un tour de passe-passe pour sauver la face du gouvernement et cette
disposition liberticide. Il a présenté un projet de loi via le groupe LaREM
pour échapper à toute étude d’impact et tout contrôle par le Conseil d’État. Il
essaye de faire revenir par la fenêtre une disposition massivement et
majoritairement condamnée dans le pays. J’attire l’attention sur le fait qu’il
existe, dans la loi « renforçant les principes républicains »,
l’article 25, qui introduit les mêmes dispositions de l’article 24 de
la proposition de loi « sécurité globale ». Il y a donc bel et bien un
acharnement gouvernemental à vouloir faire passer, sous une forme ou une autre,
cet article.
Christophe Castaner a parlé d’ « incompréhensions » autour
du texte. Qu’en pensez-vous ?
PIERRE LAURENT : C’est toujours le même argument
méprisant qui consiste à nous dire que, quand nous contestons un projet, nous
n’avons pas su le lire. Les citoyens sont adultes. Il y a eu un débat important
dans le pays, la presse a correctement expliqué ce qu’il en était : les gens
ont parfaitement compris que cette loi présente une restriction gravissime au
droit à l’information. Il faut aussi continuer l’information sur les autres
articles du projet qui vise une privatisation amplifiée des fonctions
régaliennes de sécurité publiques. Tout cela dessine un projet parfaitement
inacceptable.
Comment jugez-vous la façon dont le gouvernement a traité le Parlement au
cours de cette crise politique ?
PIERRE LAURENT : C’est le mépris que nous
connaissons depuis des mois. On aura bientôt vécu une année sous état d’urgence
sanitaire. Pendant cette période, le gouvernement a multiplié le recours aux
ordonnances pour faire passer ses projets, plus de 200 depuis le début du
quinquennat Macron. C’est la plus grave atteinte au Parlement qu’on ait jamais
connue depuis la guerre d’Algérie. Nous sommes dans une dérive extrêmement
inquiétante.
Quel a été le rôle des récentes mobilisations dans la décision de réécrire
l’article 24 ?
PIERRE
LAURENT : Elles ont fait bouger le
gouvernement même s’il essaie de s’en tirer avec un tour de passe-passe qui ne
trompera personne. La réaction dans les jours à venir va le montrer. Confiné
depuis des mois, le pays a montré qu’il était présent et capable de se mobiliser.
C’est réjouissant. Le confinement n’a pas éteint la soif de liberté. Ça nous
donne beaucoup de confiance pour mener la bataille au Sénat, où l’enjeu est de
stopper le projet. Il ne faut manquer aucune occasion de le faire. Quel que
soit le rapport de forces sénatorial avec la présence massive de la droite, il
ne faut pas se résigner. À tout moment, il est possible de faire reculer le
pouvoir. Avec l’affaire Benalla, le Sénat avait montré qu’il pouvait se mettre
en travers d’atteintes à la liberté. J’espère qu’il le fera cette fois-ci.
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