lundi 30 novembre 2020

Covid-19. Une stratégie vaccinale en cinq étapes


Lola Scandella

Les personnes âgées résidant en Ehpad devraient être les premières à se faire vacciner, plaide la Haute Autorité de santé, qui rejette par ailleurs toute procédure obligatoire.

Protéger en priorité « les plus vulnérables et ceux qui s’en occupent », c’est la ligne que s’est fixée la Haute Autorité de santé (HAS), qui présentait lundi 30 novembre ses recommandations préliminaires pour la stratégie vaccinale française. Le début de la campagne de vaccination doit marquer une nouvelle étape dans la lutte contre le ­Covid-19 et s’inscrire dans la nouvelle formule « tester, alerter, protéger, soigner », définie par le chef de l’État, Emmanuel Macron, le 24 novembre.

Une question était sur toutes les lèvres depuis l’annonce de l’arrivée des premières doses début 2021 : qui vacciner en priorité ? La HAS y a répondu en proposant cinq phases vaccinales, dont la première concerne les personnes âgées prises en charge dans les Ehpad, soit 750 000 résidents environ. Ils seront prioritaires, « compte tenu du nombre limité de doses qui seront disponibles au démarrage de la campagne de vaccination », a-t-elle précisé. Les personnels exerçant dans ces établissements, et qui « présentent eux-mêmes un risque de développer une forme grave » du Covid-19, « c’est-à-dire âgés de 65 ans et plus, et/ou atteints de comorbidités », seront également prioritaires, a-t-elle indiqué. Environ 90 000 personnes sont concernées, selon son estimation. Les maladies respiratoire chroniques, l’hypertension, l’obésité ou encore le diabète font partie des comorbidités identifiées par la HAS.

La deuxième phase vise à vacciner les personnes âgées à partir de 75 ans (6,4 millions), puis celles âgées de 65 à 74 ans (7,3 millions), avec dans les deux cas une priorisation des personnes présentant des comorbidités, ainsi que « les professionnels des secteurs de la santé et du médico-social âgés de 50 ans et plus et/ou présentant une ou plusieurs comorbidités quel que soit le mode d’exercice » (1,2 million), a précisé la HAS. Dans un troisième temps seront ciblés les personnes à risque « du fait de leur âge (50-65 ans) ou de leurs comorbidités », ainsi que les professionnels de santé « non vaccinés antérieurement ». Cette troisième phase inclut également « les professionnels des secteurs “essentiels” » et « indispensables au fonctionnement du pays ». Il appartiendra « au gouvernement » de définir qui sera concerné.

Des vaccins à une inconnue : protègent-ils de la contagiosité ?

La HAS a précisé que ses recommandations « seront à actualiser et à adapter en fonction des données sur chaque vaccin, de leur disponibilité effective et des tensions éventuelles sur l’approvisionnement ». Le passage d’une phase à une autre s’effectuerait « en fonction de la disponibilité des doses », qui arriveront « au fur et à mesure ».

De plus, une inconnue demeure sur les vaccins les plus aboutis, qui doivent être validés par l’Agence européenne du médicament, avant de pouvoir obtenir des autorisations de mises sur le marché. « On sait qu’ils protègent des formes graves mais on ne sait pas encore s’ils protègent de la contagiosité », a expliqué la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec. Une donnée susceptible de faire évoluer les prescriptions de l’Autorité.

Les deux dernières phases poursuivent l’élargissement et doivent conduire à la vaccination « de toutes les personnes vulnérables et à risque » avec, dans un quatrième temps, l’inclusion des « professionnels dont l’environnement de travail favorise une infection (contacts réguliers du public, milieu clos…) » (1,2 million environ) et des « personnes vulnérables ou précaires ayant un pronostic moins favorable en cas d’infection (résident en hôpital psychiatrique, sans domicile fixe, détenus…) » (550 000 environ). « Les professionnels prenant en charge les personnes vulnérables, dont les travailleurs sociaux, non vaccinés antérieurement du fait de leur âge ou de comorbidités », seront également concernés. Enfin, la cinquième phase pourrait lancer la vaccination des personnes de plus de 18 ans et sans comorbidités, là encore « sous réserve que les allocations de doses vaccinales auront été suffisantes pour vacciner chacune des populations prioritaires ».

La HAS n’est pas favorable à une vaccination obligatoire et compte sur « l’adhésion » de la population. Une adhésion qui reste à conquérir, sachant que seulement 41 % des Français auraient l’intention de se faire vacciner, selon un récent sondage Ifop pour le Journal du dimanche. Ce pourrait être la véritable première étape de la campagne de vaccination à venir, dont la continuité dépend, aussi, de son succès.

Quid des mineurs ?

Les mineurs ne sont pas concernés par les différentes phases de la stratégie vaccinale présentée par la Haute Autorité de santé (HAS). Ils ne font pas l’objet de recommandations, car les études cliniques les plus avancées n’ont pas inclus cette population, a expliqué l’Autorité, notamment car ils n’apparaissent pas comme des vecteurs importants de transmission du virus. «  L’autorisation de mise sur le marché ne sera pas délivrée pour les enfants, puisqu’il n’y aura aucune donnée d’efficacité et surtout de tolérance vis-à-vis de cette population », a indiqué Daniel Floret, membre de la commission technique des vaccinations de la HAS.

 

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