Les personnes âgées résidant en Ehpad devraient être
les premières à se faire vacciner, plaide la Haute Autorité de santé, qui
rejette par ailleurs toute procédure obligatoire.
Protéger en priorité « les plus
vulnérables et ceux qui s’en occupent », c’est la ligne que s’est
fixée la Haute Autorité de santé (HAS), qui présentait lundi
30 novembre ses recommandations préliminaires pour la stratégie vaccinale
française. Le début de la campagne de vaccination doit marquer une nouvelle
étape dans la lutte contre le Covid-19 et s’inscrire dans la nouvelle
formule « tester, alerter, protéger, soigner », définie par le
chef de l’État, Emmanuel Macron, le 24 novembre.
Une question était sur toutes les lèvres
depuis l’annonce de l’arrivée des premières doses début 2021 : qui vacciner en
priorité ? La HAS y a répondu en proposant cinq phases vaccinales, dont la
première concerne les personnes âgées prises en charge dans les Ehpad, soit
750 000 résidents environ. Ils seront prioritaires, « compte tenu
du nombre limité de doses qui seront disponibles au démarrage de la campagne de
vaccination », a-t-elle précisé. Les personnels exerçant dans ces
établissements, et qui « présentent eux-mêmes un risque de développer
une forme grave » du Covid-19, « c’est-à-dire âgés de
65 ans et plus, et/ou atteints de comorbidités », seront
également prioritaires, a-t-elle indiqué. Environ 90 000 personnes sont
concernées, selon son estimation. Les maladies respiratoire chroniques,
l’hypertension, l’obésité ou encore le diabète font partie des comorbidités
identifiées par la HAS.
La deuxième phase vise à vacciner les
personnes âgées à partir de 75 ans (6,4 millions), puis celles âgées
de 65 à 74 ans (7,3 millions), avec dans les deux cas une
priorisation des personnes présentant des comorbidités, ainsi que « les
professionnels des secteurs de la santé et du médico-social âgés de 50 ans
et plus et/ou présentant une ou plusieurs comorbidités quel que soit le mode
d’exercice » (1,2 million), a précisé la HAS. Dans un troisième
temps seront ciblés les personnes à risque « du fait de leur âge
(50-65 ans) ou de leurs comorbidités », ainsi que les
professionnels de santé « non vaccinés antérieurement ». Cette
troisième phase inclut également « les professionnels des secteurs
“essentiels” » et « indispensables au fonctionnement du
pays ». Il appartiendra « au gouvernement » de
définir qui sera concerné.
Des vaccins à une inconnue : protègent-ils de la contagiosité ?
La HAS a précisé que ses
recommandations « seront à actualiser et à adapter en fonction des
données sur chaque vaccin, de leur disponibilité effective et des tensions
éventuelles sur l’approvisionnement ». Le passage d’une phase à une autre
s’effectuerait « en fonction de la disponibilité des doses », qui
arriveront « au fur et à mesure ».
De plus, une inconnue demeure sur les
vaccins les plus aboutis, qui doivent être validés par l’Agence européenne du
médicament, avant de pouvoir obtenir des autorisations de mises sur le
marché. « On sait qu’ils protègent des formes graves mais on ne sait
pas encore s’ils protègent de la contagiosité », a expliqué la
présidente de la HAS, Dominique Le Guludec. Une donnée susceptible de faire
évoluer les prescriptions de l’Autorité.
Les deux dernières phases poursuivent
l’élargissement et doivent conduire à la vaccination « de toutes les
personnes vulnérables et à risque » avec, dans un quatrième temps,
l’inclusion des « professionnels dont l’environnement de travail
favorise une infection (contacts réguliers du public, milieu clos…) » (1,2 million
environ) et des « personnes vulnérables ou précaires ayant un pronostic
moins favorable en cas d’infection (résident en hôpital psychiatrique, sans
domicile fixe, détenus…) » (550 000 environ). « Les
professionnels prenant en charge les personnes vulnérables, dont les
travailleurs sociaux, non vaccinés antérieurement du fait de leur âge ou de
comorbidités », seront également concernés. Enfin, la cinquième phase
pourrait lancer la vaccination des personnes de plus de 18 ans et sans
comorbidités, là encore « sous réserve que les allocations de doses
vaccinales auront été suffisantes pour vacciner chacune des populations
prioritaires ».
La HAS n’est pas favorable à une vaccination
obligatoire et compte sur « l’adhésion » de la population. Une
adhésion qui reste à conquérir, sachant que seulement 41 % des Français
auraient l’intention de se faire vacciner, selon un récent sondage Ifop
pour le Journal du dimanche. Ce pourrait être la véritable
première étape de la campagne de vaccination à venir, dont la continuité dépend,
aussi, de son succès.
Quid des mineurs ?
Les
mineurs ne sont pas concernés par les différentes phases de la stratégie
vaccinale présentée par la Haute Autorité de santé (HAS). Ils ne font pas
l’objet de recommandations, car les études cliniques les plus avancées n’ont
pas inclus cette population, a expliqué l’Autorité, notamment car ils
n’apparaissent pas comme des vecteurs importants de transmission du virus.
« L’autorisation de mise sur le marché ne sera pas délivrée pour les
enfants, puisqu’il n’y aura aucune donnée d’efficacité et surtout de tolérance
vis-à-vis de cette population », a indiqué Daniel Floret, membre de la
commission technique des vaccinations de la HAS.
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