« Une partie de la population risque de ne pas y avoir
accès », prévient d’ores et déjà la Fédération des syndicats pharmaceutiques de
France.
« Au
bout de deux jours, ma pharmacie habituelle n’en avait déjà plus. » Un
constat contrariant pour Sandrine, désireuse de se faire vacciner contre la
grippe et qui confie « en avoir un peu ras-le-bol ». Après la
pénurie de masques et de gel hydroalcoolique au début de la crise
sanitaire, « maintenant, ce sont les vaccins ! » s’agace cette
enseignante de Grenoble (Isère) qui ne comprend pas « pourquoi cela n’a
pas été anticipé ».
Dimanche, l’Union syndicale des
pharmaciens d’officine (Uspo) a tiré la sonnette d’alarme. « Après une
enquête menée auprès de nos adhérents, on s’aperçoit que les pharmaciens n’ont
déjà plus de stock », déclare son président, Gilles Bonnefond. Le
23 octobre, le syndicat estimait que 70 à 90 % des pharmacies étaient
en situation de rupture dix jours seulement après le coup d’envoi de la
campagne contre la grippe, le 13 octobre. « Nous avons déjà
dispensé 7 millions de doses », poursuit Gilles Bonnefond, sur un
total de 13 millions de doses prévues, contre 11 millions l’an passé.
Un écoulement en un temps record qui
s’explique par le nombre plus important de Français souhaitant se faire
vacciner cette année. « Du jamais-vu », selon Philippe Besset,
président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui
tient une officine près de Carcassonne (Aude). Il a écoulé en une semaine les
300 doses commandées dès février et ensuite, « (il) n’a pas pu
dispenser de vaccins », déplore-t-il.
Un enjeu majeur pour 20 millions de personnes
La situation est d’autant plus inquiétante
que la vaccination contre la grippe est un « enjeu majeur pour les
populations à risques, c’est-à-dire 20 millions de personnes en
France », rappelle-t-il. « Il faut à tout prix éviter que ces personnes
ne soient hospitalisées en même temps que des porteurs du Covid-19. »
Le pharmacien va plus loin. Selon lui, les
personnes exclues de cette catégorie de patients risquent de devoir tirer un
trait sur leur vaccination, faute de doses. « Le ministère de la Santé
nous demande de vacciner en priorité les personnes prioritaires ou à risques et
d’inviter les autres à revenir en décembre. Nous, nous demandons que le
ministre fasse une déclaration claire pour dire que seul ce public sera servi
et qu’il n’y aura pas de vaccination pour le reste de la population ! » tonne-t-il.
Lundi matin, Philippe Besset a enfin reçu
300 nouvelles doses, comprises dans les 1,2 million promises par le
ministère de la Santé cette semaine. Malgré cette livraison, le compte n’y est
toujours pas : « 250 doses ont déjà été réservées par des patients,
donc il ne m’en reste en réalité que 50 », souffle-t-il.
Au total, 3,5 millions de doses
doivent encore être livrées d’ici à la fin du mois de novembre, selon la FSPF
et l’Uspo. À cela devraient a priori s’ajouter, en décembre, entre 1 et
2 millions de doses commandées par l’État sur le marché européen. De son
côté, le ministère de la Santé conteste les chiffres avancés par l’Uspo et
affirme que « dans les régions les plus touchées, on arriverait à
18-20 % de pharmacies en rupture de stock », reprenant les chiffres de
l’Ordre national des pharmaciens (qui n’a pas été en mesure de répondre à nos
sollicitations).
« Qu’ils nous livrent déjà tout de suite
les 3,5 millions de doses ! » s’emporte
Gilles Bonnefond. Il déplore ces livraisons étalées dans le temps qui « ne
répondent pas à la demande » des Français. Et craint que la campagne
de vaccination ne soit torpillée par l’expansion alarmante de l’épidémie de
Covid-19. « En décembre, si nous sommes à nouveau confinés, ce ne sera
plus le moment de se faire vacciner », avertit-il.
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