Couvre-feu à partir de 19 heures et le week-end…
Face à la flambée de l’épidémie, l’exécutif n’écarte plus aucune hypothèse et annoncera
rapidement de nouvelles restrictions.
« On
n’a plus le choix, il faudrait reconfiner. » C’est le cri d’alerte
poussé lundi par l’épidémiologiste Éric Caumes, chef du service infectiologie
de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « Nous allons vers un
reconfinement », estime également Jean Rottner, le président de la région
Grand-Est, durement touchée par la première vague. Face à la flambée de
l’épidémie, que certains médecins jugent désormais « hors de contrôle »,
le scénario d’un reconfinement se précise.
Écartée pendant la trêve estivale, taboue
dans la majorité depuis qu’Emmanuel Macron avait exclu publiquement cette
possibilité à la fin de l’été, l’hypothèse prend de l’ampleur ces derniers
jours face aux chiffres de contamination en croissance exponentielle. Dimanche,
plus de 52 000 nouveaux cas de coronavirus ont été recensés en une
journée. « On est dans une situation très difficile, voire critique »,
a prévenu, lundi, Jean-François Delfraissy au micro de nos confrères de RTL.
Le pouvoir voudra à tout prix éviter le scénario du printemps
Le président du Conseil scientifique, dont
l’avis pèse beaucoup dans les décisions de l’exécutif dans la gestion de la
crise sanitaire, a avoué « être surpris par la brutalité de ce qui est
en train de se passer depuis quinze jours », annonçant même que « cette
deuxième vague va être probablement plus forte que la première ». D’autant
que celle-ci n’épargne quasiment aucun département et met déjà en grave tension
les hôpitaux, toujours aussi sous-dotés, notamment en lits de réanimation,
malgré les alertes des syndicats au moment des conclusions du Ségur de la
santé.
Pour la première fois depuis l’été, le
professeur Delfraissy envisage sérieusement un reconfinement imminent, certes
moins « dur » que celui de mars dernier, qui permettrait de
conserver une activité scolaire et économique. Même le président de la
République a consenti, vendredi, au lendemain de l’annonce d’une extension des
couvre-feux, à prononcer le mot. « Il est trop tôt aujourd’hui pour
dire si on va vers des reconfinements locaux ou plus larges », a-t-il lâché
à l’occasion d’une rencontre avec les équipes d’un hôpital du Val-d’Oise.
Autrement dit, la question n’est plus « si », mais « quand » et « comment »,
d’autant que le chef de l’État n’aura bientôt plus la moindre carte à abattre
pour l’empêcher.
Couvre-feu étendu et renforcé,
généralisation du télétravail, fermeture des universités, reconfinements locaux
ou pendant les week-ends… différents scénarios sont sur la table, parmi
lesquels l’exécutif est susceptible de piocher dans l’espoir de trouver un
juste équilibre. Une chose est sûre, quelle que soit l’ampleur des mesures
prises, le pouvoir voudra à tout prix éviter un confinement similaire à celui
du printemps. Comme évoqué ce lundi par Jean-François Delfraissy, le schéma le
plus probable serait « la possibilité d’un couvre-feu plus
massif, à la fois dans ses horaires et dans son étendue, et qu’il puisse
être mis en place le week-end ». Cette piste a déjà été envisagée par des
médecins d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui demandent un confinement le week-end et
un couvre-feu en semaine dès 19 heures.
Entre autres mesures évoquées : isoler la population vulnérable
Autre proposition avancée dimanche dans
une tribune publiée dans le Journal du dimanche par Philippe
Amouyel et Luc Dauchet : un confinement « écocompatible », ciblé
selon les régions, qui permettrait lui aussi de maintenir la scolarité des
élèves et une grande partie de l’activité économique. Ces deux professeurs en
santé publique préconisent de ne pas perdre de temps, donc de ne pas attendre
l’évaluation des effets du couvre-feu pour éviter une situation incontrôlable
pendant la trêve des confiseurs. « Peut-on, à six semaines des vacances
de Noël, prendre le risque d’un échec ou d’un effet insuffisant ? Nous ne le
croyons pas », écrivent-ils.
Autre hypothèse encore, celui d’un
reconfinement uniquement « des personnes à risques ». C’est la
trame privilégiée par l’épidémiologiste Martin Blachier, selon lequel « la
problématique du couvre-feu devient presque désuète », et qui a étudié
l’hypothèse d’un reconfinement de la population âgée. « Un
reconfinement de deux semaines de la population vulnérable,
estime-t-il, s’avère aussi efficace en termes de réanimation et de
mortalité qu’un confinement général. »
Enfin, le gouvernement ne se privera pas
de la marge de manœuvre du télétravail. Depuis la fin l’été, le protocole
sanitaire dans les entreprises n’impose pas un nombre de jours précis, mais
demande aux employeurs de fixer « un nombre minimal de jours de
télétravail par semaine, pour les postes qui le permettent » dans les
zones soumises au couvre-feu.
Dès jeudi, le gouvernement devrait donc
annoncer son renforcement avec des directives plus précises pour les entreprises.
C’est Olivier Véran, ministre de la Santé, qui devrait annoncer le choix des
nouvelles mesures décidées par l’exécutif, sur une ligne de crête entre
l’urgence de freiner la propagation du virus, le besoin de préserver
l’enseignement et celui d’éviter les ravages économiques, et humains, qui se
profilent.
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