Les dépenses liées au Covid-19 ont créé un déficit
record de 44,4 milliards d’euros. Mardi, le gouvernement a présenté un
budget 2021 « très fragile », « sans répondre aux enjeux » posés par les
soignants.
« Jamais la présentation d’un projet de
loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) aura été aussi lapidaire. » En
pleine crainte d’une deuxième vague de la pandémie et alors que certains
hôpitaux sont en saturation, comme à Toulouse, les ministres de la Santé et des
Comptes publics n’ont pas convaincu les membres de la Commission des comptes de
la Sécurité sociale devant lesquels ils présentaient leur scénario budgétaire
pour l’an prochain. Leur discours « offensif, énumérant la création officielle
d’une cinquième branche de la Sécurité sociale pour la prise en charge de
l’autonomie, la mise en place du congé paternité, le premier volet du Ségur de
la santé ou encore la provision, au doigt mouillé, de 4,3 milliards
d’euros de dépenses pour faire face à la pandémie en 2021, n’a pas eu l’effet
de séduction escompté.
« Au contraire, cela nous a même parfois
inquiétés », estime Pierre-Yves Chanu, le cégétiste vice-président de l’Agence
centrale des organismes de la Sécurité sociale. « Cela ressemble vraiment à un
budget de transition, d’attente, extrêmement vague, qui ne peut être un budget
à la hauteur des enjeux », résume-t-il. D’autant que le Ségur de la santé « n’a
pas tout résolu », a aussi rappelé Rose-May Rousseau, secrétaire générale
de l’Usap-CGT, dont le syndicat appelle à une manifestation nationale des
professionnels de santé, le 15 octobre.
Certes, les dépenses de l’Objectif
national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) ont grimpé en flèche avec
l’irruption du Covid-19, entre achats de masques, remboursements de tests,
arrêts de travail et soutien au personnel soignant. Le coût de l’épidémie
devrait se monter à 15 milliards d’euros. Soit une hausse de l’Ondam
de 7,6 % pour cette année, contre 2,45 % dans le PLFSS initial, voté
fin 2019. Pour 2021, le gouvernement prévoit une hausse moindre de 3,5 %,
avec 4 milliards d’économies attendues sur les dépenses d’assurance-maladie,
dont 800 millions sur l’offre de soins. Les vieilles logiques de maîtrise
des dépenses sont donc ressorties pour financer les 12,5 milliards
d’euros de mesures supplémentaires du Ségur, et tenir les nouvelles
trajectoires budgétaires. Ces mêmes principes ont, selon une étude du ministère
de la Santé, conduit en 2019 à la fermeture de 3 400 lits d’hospitalisation
complète dans les établissements de santé, malgré la mobilisation des
personnels soignants.
Inter
Face au choc sanitaire, le déficit des
comptes sociaux sera de 44,4 milliards d’euros à la fin de l’année 2020,
moins important qu’attendu (52 milliards d’euros). En cause, la récession
économique qui a entraîné une perte abyssale des recettes, notamment via les
suppressions de postes et le recours massif au chômage partiel qui ont fait
fondre les versements de cotisations sociales.
Le gouvernement, qui espère un rebond de l’activité, a
estimé le déficit de l’an prochain à 27,1 milliards d’euros. En 2010,
après la crise financière, par comparaison, celui-ci avait
atteint 28 milliards d’euros. « La Sécurité sociale subira de façon
pérenne des déficits élevés, sans doute de plus de 20 milliards d’euros
ces prochaines années », a prévenu Olivier Dussopt, le ministre délégué chargé
des Comptes publics. Se qualifiant de « ministre de l’équilibre des comptes de
la Sécurité sociale », Olivier Véran a promis, de son côté, de ne pas fermer
les yeux sur les déficits. Le ministre de la Santé veut « une réflexion sur les
mesures nécessaires à une trajectoire de maîtrise des dépenses sociales (…),
une fois le pic de la crise surmonté », comprenant aussi les retraites.
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