Dimanche, Marie-Claude Varaillas a été élue sénatrice PCF de Dordogne. Rassemblement à gauche, défense des campagnes,… entretien à l’aube de son mandat.
Vous êtes la première femme et la première communiste élue sénatrice en
Dordogne depuis 1948. Que dit, cette double première fois du paysage politique
dans votre circonscription ?
MARIE-CLAUDE VARAILLAS Je suis en effet
la première sous la Ve République, la dernière sénatrice était aussi une
communiste, Jeanne Vigier, entre 1946 et 1948. La Dordogne a toujours voté
majoritairement à gauche. Ce qui a été aussi historique cette fois, c’est que,
pour la première fois, le Parti socialiste et le Parti communiste ont trouvé un
accord victorieux pour les sénatoriales (le PS Serge Mérillou a également été
élu sénateur – NDLR). L’objectif, maintenant, est de reconduire cette alliance
pour garder le département à gauche lors des prochaines échéances.
Uniquement avec le PS ou avec d’autres forces de gauche ?
MARIE-CLAUDE VARAILLAS Nous devons
agrandir l’alliance à toutes les forces de gauche qui le veulent. Si les Verts
ne s’étaient pas retirés au second tour des sénatoriales, je n’aurais pas été
élue par exemple. De toute façon, nous devons avancer ensemble pour préparer
une alternative pour les échéances à venir. Y compris pour 2022, cela se joue
dès maintenant. On voit bien qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen veulent se
retrouver à nouveau l’un en face de l’autre.
Quelles sont les remontées de terrain que vous avez pu recueillir auprès
des élus locaux durant la campagne ?
MARIE-CLAUDE VARAILLAS Les réformes
successives – sur les grandes régions, les intercommunalités, les transferts de
compétence – ont donné le sentiment aux élus locaux d’être hors-jeu. Ils
craignent que leurs communes deviennent des coquilles vides. Il y a, dans notre
ruralité, un véritable sentiment de relégation et d’abandon. L’État, vertical,
vide les campagnes de ses services publics. Cela s’y traduit par une montée du
vote extrême ou par l’abstention. Le mouvement des gilets jaunes en était aussi
un symbole. En organisant le territoire autour des métropoles, on a fragilisé
la ruralité. Près de chez moi, Bordeaux prend entre 20 000 et
30 000 habitants par an. En Dordogne, nous avons un solde naturel négatif
qui est à peine compensé par le solde migratoire. Les jeunes partent, du fait
de la désertification médicale, du manque d’attractivité.
Quelles sont les priorités de votre mandat ?
MARIE-CLAUDE VARAILLAS Je veux affirmer
haut et fort que la décentralisation ne doit pas rimer avec moins d’État sur
les territoires. Nous allons être particulièrement attentifs à la fameuse loi
« 3D » (décentralisation, différenciation, déconcentration). Je me méfie du mot
« différenciation ». Notre République doit rester une et indivisible. S’il
s’agit de tenir compte de la spécificité des territoires ruraux, oui. Mais il
ne faut pas rompre l’égalité entre les citoyens. Nous devons travailler à
améliorer l’accès aux services publics et à mieux répartir la dotation globale
de financement entre les territoires.
Le Sénat est-il un contre-pouvoir à la politique d’Emmanuel Macron ?
MARIE-CLAUDE
VARAILLAS D’abord, les sénateurs contrôlent
l’action du gouvernement, on l’a vu avec les commissions parlementaires sur
l’affaire Benalla, sur la crise sanitaire… Et nous pouvons faire des
propositions de loi. C’est le groupe CRCE qui a proposé l’augmentation de
l’aide personnalisée au logement par exemple. Enfin, nous faisons remonter ce
qui ne va pas. Je compte bien dénoncer la fracture territoriale qui existe dans
notre pays.
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