mardi 29 septembre 2020

« Régler les conflits gelés », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour


On a beau les appeler conflits gelés, entre deux périodes de calme, ils s’embrasent parfois. Les armes ont parlé, ce dimanche, dans la province séparatiste du Nagorny-Karabakh, disputée par l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Les forces azerbaïdjanaises, qui clament la souveraineté sur cette zone contrôlée par des autorités soutenues par Erevan, ont lancé une offensive qui a déjà fait hier 39 victimes officielles. Déjà, en 2016, des heurts avaient fait des dizaines de morts. Ce conflit provient des conditions de la dissolution de l’Union soviétique : cette zone peuplée majoritairement d’Arméniens s’est trouvée être attribuée à l’Azerbaïdjan.

 

Le problème existe ailleurs : en 2008, la Géorgie a tenté par la force de recouvrer son emprise sur l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie qui souhaitent devenir russes ; la Transnistrie, au cœur de la Moldavie, continue de clamer haut et fort son indépendance, et est gouvernée par un régime séparatiste avec le soutien de Moscou. Même en Ukraine, avec la réintégration de la Crimée à la Russie et les combats à l’est, les frontières sont contestées.

 

Comme beaucoup de chancelleries, l’ONU a appelé à un cessez-le-feu. C’est un début. Mais un début qui pourrait n’être qu’un retour au statu quo. Il y a urgence à trouver une issue négociée à ces conflits. Car, dans un contexte de forte tension entre les États-Unis et la Russie, et maintenant avec l’émergence de puissances moyennes qui, telle la Turquie soutient l’Azerbaïdjan, ces conflits gelés instrumentalisés par Washington et Moscou peuvent dégénérer à tout moment.

 

Les Européens pourraient avoir un rôle pacificateur si, au lieu d’emboîter le pas à Washington, ils faisaient vivre un esprit de dialogue et de coopération dans les relations avec Moscou. Le règlement de ces conflits gelés ne se fera que dans le respect des différents acteurs en présence, sans ingérence, sans élargissement de l’Otan à l’Est, dans le respect des droits de l’homme et du droit à l’autodétermination des peuples.

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