lundi 28 septembre 2020

« Retard », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !


Si Olivier Véran est allé, vendredi, à Marseille, ce n’est pas juste pour tenter de rassurer les élus et de calmer des restaurateurs au bord de l’explosion de colère et parfois de la désobéissance civile organisée. Quelques assurances leur ont été données en termes d’indemnisation pour un relatif apaisement. Mais on peut retenir que l’épisode, sans doute pas terminé, témoigne d’un raté démocratique entre pouvoir et élus comme d’une difficulté grandissante d’une partie de la population et de certaines professions à accepter des mesures qui semblent, à certains égards, erratiques. On ferme bars et restaurants, mais des usagers continuent à s’entasser dans les transports en commun, etc. On desserre ici et on boulonne là…

 

Le ministre de la Santé a annoncé le déblocage de 15 millions d’euros en avance de trésorerie pour l’AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille) et de 2 millions pour l’amélioration des services de soins intensifs. On peut déjà se demander si c’est suffisant pour éviter une saturation conduisant au tri des malades, que redoutent en première ligne des hospitaliers sous tension. Surtout, alors que la situation s’aggrave désormais dans la plupart des grandes métropoles, Olivier Véran va-t-il courir de l’une à l’autre, carnet de chèques en main, comme pour colmater les fuites d’une outre trop pleine et qui craque de partout ?

 

En réalité, ce déblocage financier à la hâte ne fait que démontrer que le gouvernement semble avoir toujours, comme pour les masques, comme pour les tests, un temps de retard sur le virus et qu’il n’a pas pris la véritable mesure de ce qu’il fallait entreprendre – « quoi qu’il en coûte » – pour que le système hospitalier soit à la hauteur. À peine le coup de tabac du printemps semblait-il passé que l’on reparlait de suppressions de lits, ou tout au moins de revenir au niveau antérieur. Nul ne prétend que la gestion d’une telle crise soit aisée, quand bien même certains de nos voisins, comme l’Allemagne et même désormais, l’Italie, s’en sortent mieux, mais force est de constater qu’il est peut-être trop tard pour que puisse être évitée une nouvelle étape dramatique.


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