Députés et sénateurs communistes ont présenté un contre-plan de relance bien différent de celui du gouvernement, à la fois par son ampleur de 252 milliards d’euros et par son contenu, avec 117 mesures.
Les parlementaires PCF ont présenté,
mardi, leur propre plan de relance pour faire face à la crise du Covid. « Celui
du premier ministre Jean Castex n’est pas guidé par la justice sociale et
l’exigence écologique. Il n’a qu’une boussole : le capital », prévient
Éliane Assassi, présidente du groupe CRCE au Sénat. « La crise appelle
une réponse politique sans précédent. Celle du gouvernement est loin de
l’essentiel. Nous, nous avons un plan à la hauteur de la situation », assure
André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée. Ce plan, baptisé Pour
une transformation économique, sociale et écologique, se décline en 117
propositions. « On nous annonce 250 milliards d’euros de pertes
pour l’économie française, donc nous répondons avec un plan de
252 milliards d’euros, avec des objectifs concrets », indique le
député PCF Pierre Dharréville. Soit bien loin des 100 milliards prévus par
Castex. « Ils seront inefficaces économiquement, injustes socialement
et inopérants écologiquement, car le gouvernement se base sur une théorie du
ruissellement qui ne fonctionne pas. Les milliards du Cice versés sans
condition n’ont amené que 100 000 emplois », dénonce Sébastien Jumel. L’élu
PCF invite donc à mettre « l’accent sur l’investissement, en
réconciliant les objectifs de justice sociale et de transition écologique avec
la relance industrielle ».
Mais où dénicher 252 milliards ? Près
de 150 seraient investis sur trois ans, 85 constitueraient une dépense courante
et 17 seraient dédiés à des aides temporaires. En plus d’une annulation
partielle de la dette et de son traitement par la BCE, les parlementaires PCF
savent où trouver des sous. Plus de 102 milliards d’euros sont à récupérer
chaque année du côté de la fiscalité. D’abord, en supprimant un Cice qui en
coûte 22 milliards par an, et en créant un grand impôt progressif sur le
patrimoine net qui fusionnerait taxe foncière et impôt sur la fortune
immobilière, pour un gain de 10 milliards. Fin de la flat taxe, hausse de
celle sur les transactions financières, impôt sur le revenu en 12 tranches et
rétablissement du taux d’imposition de 2018 sur les sociétés (avec prélèvement
à la source contre l’évitement fiscal) sont autant de mesures qui composent le
plan. L’idée étant de construire une nouvelle société en changeant de
logique et en aidant massivement les secteurs clés qui en ont besoin, sans
laisser personne sur le carreau.
Sur le front écologique, le plan vise à
atteindre la neutralité carbone en 2050. La somme de 30 milliards serait
dédiée à la rénovation énergétique des bâtiments (700 000 isolations par an
jusqu’en 2040), en plus de construire 600 000 logements sociaux en trois ans.
Les communistes veulent ici transformer la BPI en Banque de la transition
écologique et sociale. Un livret d’épargne de l’ESS et un livret agricole
viendraient abonder cet effort. Plus de 27 milliards d’euros seraient
dirigés vers les transports, dont 15 milliards pour le ferroviaire et 2
milliards pour le vélo (avec la fin des exonérations fiscales pour l’aérien et
le routier). Aides de 2 milliards à l’agro-écologie, refonte de la PAC,
prix minimal d’achat et d’entrée sur le marché, pêche raisonnée et mix
électrique entre nucléaire, éolien et photovoltaïque sont au menu, des
créations d’emplois à la clé.
Pour éviter dès demain des licenciements, le plan
prévoit un dispositif anti-délocalisations et anti-faillites. Les aides
publiques seraient conditionnées à des critères sociaux et environnementaux :
interdiction des licenciements boursiers, écart de salaires de 1 à 12,
non-distribution de dividendes en 2020 et 2021 et obligation du reporting pays
par pays. La baisse temporaire de la TVA pour le tourisme, le sport et la
culture, un fonds pour les TPE-PME et un pour les relocalisations sont aussi au
programme, l’État devant assumer son rôle de stratège pour atteindre la
souveraineté industrielle, sanitaire et alimentaire. Un pôle national du
médicament serait ainsi créé, en lien avec un plan hôpital visant 100 000
personnels supplémentaires, sans oublier une conférence nationale sur les
salaires, le Smic à 1 800 euros brut, un revenu étudiant et le RSA de 18 à
25 ans, l’assurance-chômage élargie, la semaine de 32 heures et un
soutien massif à l’éducation nationale avec un dispositif pour les décrocheurs. « Nous
défendrons ces 117 propositions à chaque occasion », promet Pierre
Dharréville.
Aurélien Soucheyre
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