Le ministre de l’Intérieur veut retirer son statut de résident permanent à l’avocat franco-palestinien. La France demande des explications à Israël.
Les autorités israéliennes, une fois de
plus, harcèlent Salah Hamouri. L’avocat franco-palestinien a été convoqué le
3 septembre au centre d’interrogatoire de Moskobiyeh, à Jérusalem. Là, une
lettre signée du ministre de l’Intérieur, Aryé Deri, lui a été remise. Le
ministre de Netanyahou y fait part de sa décision de retirer purement et
simplement la carte de résident permanent à Salah Hamouri, seul papier officiel
lui permettant de vivre à Jérusalem.
Il invoque pour cela ce que les Israéliens
appellent la loi sur l’entrée (Law of Entry). Celle-ci, édictée en 1952, visait
les personnes de nationalité étrangère désireuses d’obtenir un permis de
résidence en Israël. Après l’occupation de Jérusalem-Est en 1967 et l’annexion
de ce territoire, les autorités israéliennes ont décidé d’appliquer cette loi
aux Palestiniens vivant dans la partie orientale de la ville en leur
« offrant » le même statut qu’aux étrangers, celui de résident permanent ! Un
statut qui, de plus, n’est pas automatiquement transmissible à ses enfants ou
au conjoint non résidents et peut être annulé à la discrétion du ministère de
l’Intérieur. Depuis 1995, de nombreuses révocations du statut de résident ont
eu lieu sous plusieurs prétextes, notamment en arguant que la résidence
principale était faussement Jérusalem, ou que la personne était absente depuis
trop longtemps. La construction du mur a également placé de nombreuses familles
en dehors des nouvelles délimitations de Jérusalem, qui se sont retrouvées
arbitrairement en Cisjordanie. D’autres annulations ont eu lieu pour
non-respect de l’« obligation minimale de loyauté envers l’État d’Israël », le
but étant de maintenir le pourcentage de Palestiniens à Jérusalem à moins de
30 %.
Selon les accords d'Oslo, les Palestiniens de Jérusalem dépendent d'Israël
Le ministre israélien estime que Salah
Hamouri utilise sa position de résident d’Israël pour agir contre cet État. Il
évoque sa condamnation à sept ans de prison, mais s’appuie aussi sur la
détention administrative d’un an (en 2018-2019) alors qu’aucun procès n’a eu
lieu et que les dossiers étant secrets, nul ne sait officiellement pourquoi
celui qui est maintenant un avocat des droits de l’homme avait été enfermé.
Autant dire que si cette mesure était
appliquée, que le statut permanent de résident était annulé, Salah Hamouri
serait obligé de quitter la Palestine. En effet, selon les accords d’Oslo, les
Palestiniens de Jérusalem ne dépendent pas de l’Autorité palestinienne, mais
d’Israël. Toute installation ailleurs qu’à Jérusalem ou de quiconque n’est pas
israélien, y compris à Ramallah, nécessite l’obtention d’un visa de la part
d’Israël. Qui peut refuser de l’octroyer. C’est déjà le cas pour l’épouse de
Salah Hamouri, qui ne peut plus se rendre ni en Israël ni dans les territoires
palestiniens en vertu d’une décision discriminatoire.
L’idée israélienne est maintenant d’empêcher Salah
Hamouri de rester. Sans sa carte de résident permanent, il n’a plus comme pièce
d’identité que son passeport français. Le ministère français des Affaires
étrangères, qui « a engagé des démarches pour obtenir des explications
sur les motifs de cette décision et son retrait sans délai », indique
que la situation de Salah Hamouri « est suivie attentivement et à haut
niveau par les autorités françaises ». La France souligne qu’il « doit
pouvoir mener une vie normale à Jérusalem, où il est né et où il réside. Son
épouse et son fils doivent également obtenir le droit de se rendre à Jérusalem
pour le retrouver ». Il a trente jours pour contester cette mesure
politique.
Pierre Barbencey
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire