Ils n’étaient pas nombreux, début mai, à relayer la pétition lancée par
l’Humanité pour exiger la gratuité des masques. Beaucoup, à commencer par
le président de la République, snobaient cette mesure d’intérêt général.
« L’État – et le contribuable français – n’a pas vocation à payer des masques
pour tout le monde, tout le temps », claironnait encore Emmanuel Macron, le
21 juillet. Position facile en plein recul estival de l’épidémie. Mais
intenable aujourd’hui, alors que le virus fait un retour en force et que le
port généralisé s’impose dans tous les lieux publics clos. Pour de plus en plus
d’élus de gauche comme de droite, et même de la majorité, c’est désormais une
évidence : puisque le masque est un outil de santé publique, indispensable et
obligatoire, l’État doit le prendre en charge afin d’en garantir l’accès
universel. À tous. Quelle que soit sa situation.
Malheureusement, face à cette exigence,
qui relève autant de la justice sociale que de l’efficacité dans la lutte
contre le Covid-19, le gouvernement tergiverse encore une fois. Il prévoit,
certes, l’envoi de 40 millions de masques lavables à 7 millions de
Français en dessous du seuil de pauvreté. Mais refuse de franchir le pas de la
gratuité généralisée, notamment dans les collèges et les lycées. En cette
rentrée, des millions de familles, sans distinction, vont devoir débourser des
dizaines d’euros par mois pour assurer leur santé et celle des autres, écornant
une fois de plus les principes égalitaires de l’école publique. Les macronistes
le font sans scrupule, obligeant départements et régions à pallier autant que
possible ce nouveau désengagement de l’État. Cynisme absolu d’un gouvernement
qui fait porter le masque aux élèves et le chapeau aux collectivités locales.
Pour autant, le combat pour la gratuité ne saurait s’arrêter en si bon chemin.
La pétition lancée par l’Humanité, qui approche les 25 000 signatures, doit
servir à accentuer la pression. Depuis le début de la crise du coronavirus, la
majorité a toujours agi avec un train de retard. Il a fallu des mois pour
qu’elle admette la nécessité de généraliser le masque. Gageons que seules
quelques semaines seront nécessaires pour qu’elle en admette la gratuité.
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