mercredi 26 août 2020

UNE RENTRÉE SCOLAIRE SOUS COVID : « AUCUNE LEÇON N’A ÉTÉ TIRÉE » ESTIMENT LES SYNDICATS




Les enseignants se réjouissent de retrouver leurs élèves, malgré un contexte sanitaire inquiétant. Inchangé depuis le 7 juillet, le protocole sanitaire actuel – dont une nouvelle version pourrait voir le jour ce mercredi – « ne permet pas une rentrée sereine pour tout le monde », affirme le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Est-ce pour permettre aux journalistes présents de ressentir physiquement l’état de l’éducation nationale à la veille de la rentrée ? En tout cas, sur la péniche parisienne où le Snuipp-FSU organisait mardi sa traditionnelle conférence de presse, ça tangue pour de vrai. Et si tout le monde n’a pas le pied marin, Guislaine David, la nouvelle porte-parole du premier syndicat du primaire, assure sans vaciller, en vraie Bretonne.
« Aucune leçon n’a été tirée »
Inchangé depuis le 7 juillet, le protocole sanitaire actuel – dont une nouvelle version pourrait voir le jour ce mercredi – « ne permet pas une rentrée sereine pour tout le monde », affirme-t-elle d’entrée, en s’inquiétant que les consignes sanitaires se renforcent au travail, dans les rues… mais pas à l’école. Le syndicat demande que le protocole soit revu « en profondeur », insistant sur le port obligatoire du masque pour tous les adultes, y compris en maternelle, et sur le retour à une stricte limitation du brassage des élèves. « Aucune leçon n’a été tirée » dans le domaine de l’hygiène depuis le déconfinement, déplore Guislaine David : près d’un quart des établissements n’ont pas assez de points d’eau et « aucun travail d’ampleur n’a été entrepris en matière de sanitaires ou d’aération ».

Trop de points demeurent dans le flou : « On ignore si les sorties seront possibles, à quelles conditions, si on pourra partager le matériel de sport, si on pourra aller à la piscine à plusieurs classes, si les parents seront autorisés à pénétrer dans l’école le jour de la rentrée, s’ils pourront se regrouper aux abords… » énumère la porte-parole. En cas de nouveau recours au distanciel, les « centaines d’heures de cours enregistrées » vantées par le ministre ne seront, selon le Snuipp, guère utiles : « L’enquête de la direction des études du ministère a elle-même montré que seulement 17 % des profs ont eu recours aux cours du Centre national d’enseignement à distance pendant le confinement », assène Guislaine David, expliquant qu’ils ne sont pas adaptés aux besoins des enseignants. Quant au dispositif « Nation apprenante », les chiffres (13 %) sont encore plus bas…

Une rentrée sereine, pour le Snuipp, c’est aussi pouvoir « rattraper les retards sans mettre la pression sur les élèves ». Or, on va « assommer dès la rentrée des élèves dont certains n’ont pas repris l’école pendant six mois », alerte Guislaine David, en déclenchant dès le 14 septembre les très décriées évaluations nationales standardisées, dont le Snuipp demande l’annulation. Alors que les disparités d’apprentissage se sont creusées pendant le confinement, « il va falloir que les enseignants prennent le temps d’observer, puis de s’occuper plus de ceux qui auront beaucoup perdu », explique la porte-parole. « C’est pour ça qu’on a besoin d’enseignants supplémentaires », ajoute-t-elle, jugeant insuffisante la dotation supplémentaire de 1 248 postes.

Dans un tel contexte, les revendications propres des profs passeraient presque au second plan, même si le syndicat rappelle le gel du point d’indice depuis dix ans, avec une perte de pouvoir d’achat de 10 %. « C’est aussi une question d’attractivité du métier », note Arnaud Malaisé, co-secrétaire national du Snuipp, soulignant que tout ce que le ministre propose passerait par des primes, au sein d’une enveloppe globale de 500 millions d’euros… pour 1 million d’enseignants. Lesquels sont malgré tout « contents de retrouver leurs élèves, et enthousiastes », souligne Guislaine David. Ils risquent d’avoir besoin de cet enthousiasme. 

Olivier Chartrain

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