Les enseignants se réjouissent de
retrouver leurs élèves, malgré un contexte sanitaire inquiétant. Inchangé
depuis le 7 juillet, le protocole sanitaire actuel – dont une nouvelle version
pourrait voir le jour ce mercredi – « ne permet pas une rentrée sereine pour
tout le monde », affirme le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
Est-ce pour permettre aux journalistes présents de ressentir physiquement
l’état de l’éducation nationale à la veille de la rentrée ? En tout cas, sur la
péniche parisienne où le Snuipp-FSU organisait mardi sa traditionnelle
conférence de presse, ça tangue pour de vrai. Et si tout le monde n’a pas le
pied marin, Guislaine David, la nouvelle porte-parole du premier syndicat du
primaire, assure sans vaciller, en vraie Bretonne.
« Aucune leçon n’a été tirée »
Inchangé depuis le 7 juillet, le protocole sanitaire actuel – dont une
nouvelle version pourrait voir le jour ce mercredi – « ne permet pas une
rentrée sereine pour tout le monde », affirme-t-elle d’entrée, en s’inquiétant
que les consignes sanitaires se renforcent au travail, dans les rues… mais pas
à l’école. Le syndicat demande que le protocole soit revu « en profondeur »,
insistant sur le port obligatoire du masque pour tous les adultes, y compris en
maternelle, et sur le retour à une stricte limitation du brassage des élèves.
« Aucune leçon n’a été tirée » dans le domaine de l’hygiène depuis le
déconfinement, déplore Guislaine David : près d’un quart des établissements
n’ont pas assez de points d’eau et « aucun travail d’ampleur n’a été entrepris
en matière de sanitaires ou d’aération ».
Trop de points demeurent dans le flou : « On ignore si les sorties seront
possibles, à quelles conditions, si on pourra partager le matériel de sport, si
on pourra aller à la piscine à plusieurs classes, si les parents seront
autorisés à pénétrer dans l’école le jour de la rentrée, s’ils pourront se
regrouper aux abords… » énumère la porte-parole. En cas de nouveau recours au
distanciel, les « centaines d’heures de cours enregistrées » vantées par le
ministre ne seront, selon le Snuipp, guère utiles : « L’enquête de la direction
des études du ministère a elle-même montré que seulement 17 % des profs ont eu
recours aux cours du Centre national d’enseignement à distance pendant le
confinement », assène Guislaine David, expliquant qu’ils ne sont pas adaptés
aux besoins des enseignants. Quant au dispositif « Nation apprenante », les
chiffres (13 %) sont encore plus bas…
Une rentrée sereine, pour le Snuipp, c’est aussi pouvoir « rattraper les
retards sans mettre la pression sur les élèves ». Or, on va « assommer dès la
rentrée des élèves dont certains n’ont pas repris l’école pendant six mois »,
alerte Guislaine David, en déclenchant dès le 14 septembre les très décriées
évaluations nationales standardisées, dont le Snuipp demande l’annulation.
Alors que les disparités d’apprentissage se sont creusées pendant le
confinement, « il va falloir que les enseignants prennent le temps d’observer,
puis de s’occuper plus de ceux qui auront beaucoup perdu », explique la
porte-parole. « C’est pour ça qu’on a besoin d’enseignants supplémentaires »,
ajoute-t-elle, jugeant insuffisante la dotation supplémentaire de 1 248 postes.
Dans un tel contexte, les revendications
propres des profs passeraient presque au second plan, même si le syndicat
rappelle le gel du point d’indice depuis dix ans, avec une perte de pouvoir
d’achat de 10 %. « C’est aussi une question d’attractivité du métier », note
Arnaud Malaisé, co-secrétaire national du Snuipp, soulignant que tout ce que le
ministre propose passerait par des primes, au sein d’une enveloppe globale de
500 millions d’euros… pour 1 million d’enseignants. Lesquels sont malgré tout
« contents de retrouver leurs élèves, et enthousiastes », souligne Guislaine
David. Ils risquent d’avoir besoin de cet enthousiasme.
Olivier Chartrain
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