Le premier ministre a confirmé au patronat
la baisse de la fiscalité des entreprises, sans contreparties sociales ou
environnementales.
Face à un parterre de patrons réunis à l’ouverture des universités d’été du
Medef, rebaptisées REF, pour Renaissance des entreprises de France, Geoffroy
Roux de Bézieux est venu délivrer « un message heureux, un message
d’optimisme ». En dépit d’une « atmosphère irrespirable » où « les
économistes de tous bords prédisent défaillances d’entreprises et chômage de
masse », le patron des patrons s’affiche « confiant en
l’avenir ». Précédent de quelques minutes la prise de parole de Jean
Castex, Geoffroy Roux de Bézieux a fait la liste de ses revendications, dictées
par un unique objectif : que l’État sorte le chéquier pour soutenir des
entreprises à qui, face à la menace épidémique, il « a demandé
d’arrêter leur activité », mais en les laissant libres d’agir à leur
guise. Ristournes fiscales, baisses des cotisations et reconstitution des fonds
propres d’un côté. Télétravail à la carte, assouplissement de la règle du port
du masque et abolition des 35 heures d’autre part. « On ne devient
pas entrepreneur pour être mis sous tutelle de l’État », a martelé le
président du Medef.
On savait ce gouvernement particulièrement
attentif aux exigences patronales, le nouveau premier ministre n’aura pas fait
exception. Soucieux d’ « éviter le recours à un confinement général » dans
un contexte sanitaire inquiétant, Jean Castex a d’abord confirmé l’obligation
du port du masque en entreprises, tout en concédant immédiatemen t
« des possibilités d’assouplissement de la règle ». Idem pour le recours au
télétravail. Le premier ministre se contentant de le recommander et, accédant à
la revendication patronale, de ne pas ouvrir de négociations nationales. Pour
le reste, « le plan de relance est prêt », a réaffirmé Jean
Castex. Un plan de 100 milliards d’euros dont « un quart bénéficiera
aux TPE-PME ». En réponse immédiate au discours de Geoffroy Roux de
Bézieux, Jean Castex a confirmé la baisse « dès le 1er janvier
prochain, des impôts de production, à hauteur de 10 milliards d’euros par
an » et la poursuite de « la baisse de l’impôt sur les
sociétés ». Les dispositifs de primes à l’embauche d’un jeune salarié
(4 000 euros), le développement de l’apprentissage et l’ouverture de
200 000 formations supplémentaires ont également été détaillés. Voilà pour
la répartition de l’enveloppe publique. Une générosité, certes nécessaire, mais
qui tranche douloureusement avec les propos du premier ministre sur « l’importance
du partage des richesses ». Avec des pincettes, Jean Castex, qui a pris
soin d’affirmer qu’il n’y aura, en la matière, « aucune obligation
nouvelle », a tout juste demandé à son public d’entrepreneurs de « trouver
la voix pour que les salariés des PME bénéficient aussi des dispositifs
d’intéressement ».
Marion d’Allard
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