mercredi 26 août 2020

AU MEDEF, JEAN CASTEX EN TERRES AMIES




Le premier ministre a confirmé au patronat la baisse de la fiscalité des entreprises, sans contreparties sociales ou environnementales.

Face à un parterre de patrons réunis à l’ouverture des universités d’été du Medef, rebaptisées REF, pour Renaissance des entreprises de France, Geoffroy Roux de Bézieux est venu délivrer « un message heureux, un message d’optimisme ». En dépit d’une « atmosphère irrespirable » où « les économistes de tous bords prédisent défaillances d’entreprises et chômage de masse », le patron des patrons s’affiche « confiant en l’avenir ». Précédent de quelques minutes la prise de parole de Jean Castex, Geoffroy Roux de Bézieux a fait la liste de ses revendications, dictées par un unique objectif : que l’État sorte le chéquier pour soutenir des entreprises à qui, face à la menace épidémique, il « a demandé d’arrêter leur activité », mais en les laissant libres d’agir à leur guise. Ristournes fiscales, baisses des cotisations et reconstitution des fonds propres d’un côté. Télétravail à la carte, assouplissement de la règle du port du masque et abolition des 35 heures d’autre part. « On ne devient pas entrepreneur pour être mis sous tutelle de l’État », a martelé le président du Medef.

On savait ce gouvernement particulièrement attentif aux exigences patronales, le nouveau premier ministre n’aura pas fait exception. Soucieux d’ « éviter le recours à un confinement général » dans un contexte sanitaire inquiétant, Jean Castex a d’abord confirmé l’obligation du port du masque en entreprises, tout en concédant immédiatemen t « des possibilités d’assouplissement de la règle ». Idem pour le recours au télétravail. Le premier ministre se contentant de le recommander et, accédant à la revendication patronale, de ne pas ouvrir de négociations nationales. Pour le reste, « le plan de relance est prêt », a réaffirmé Jean Castex. Un plan de 100 milliards d’euros dont « un quart bénéficiera aux TPE-PME ». En réponse immédiate au discours de Geoffroy Roux de Bézieux, Jean Castex a confirmé la baisse « dès le 1er  janvier prochain, des impôts de production, à hauteur de 10 milliards d’euros par an » et la poursuite de « la baisse de l’impôt sur les sociétés ». Les dispositifs de primes à l’embauche d’un jeune salarié (4 000 euros), le développement de l’apprentissage et l’ouverture de 200 000 formations supplémentaires ont également été détaillés. Voilà pour la répartition de l’enveloppe publique. Une générosité, certes nécessaire, mais qui tranche douloureusement avec les propos du premier ministre sur « l’importance du partage des richesses ». Avec des pincettes, Jean Castex, qui a pris soin d’affirmer qu’il n’y aura, en la matière, « aucune obligation nouvelle », a tout juste demandé à son public d’entrepreneurs de « trouver la voix pour que les salariés des PME bénéficient aussi des dispositifs d’intéressement ».

Marion d’Allard

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