« Renaissance ». C’est ainsi que le Medef a décidé de baptiser sa trentième
université d’été. Car il faut « un message heureux, un message
d’optimisme », explique Geoffroy Roux de Bézieux. Comblé, le président de
l’organisation patronale a félicité ses homologues pour leur réactivité face à
la crise. La question qu’il s’est bien gardé d’aborder, c’est le coût de cette
« réactivité ». Social d’abord, avec les annonces de licenciements ou
d’« accords de performance » dans des pans entiers de la production. Mais aussi
pour la société, avec les milliards d’euros débloqués par l’État afin de
soutenir de nombreux secteurs. De cela pas un mot, si ce n’est pour féliciter
le gouvernement de donner sans rien demander en retour. Car avec le Medef,
c’est toujours la même ritournelle : à la collectivité de payer en cas de
difficultés et aux patrons, pardon, « aux entrepreneurs » et
aux conseils d’administration de décider ce « qui est bon » pour l’entreprise.
Tout cela, bien sûr, « au nom de la reprise économique et de la
sauvegarde de l’emploi ».
En vérité, l’idéologie du Medef n’est bonne ni pour la reprise économique,
ni pour l’emploi, visant uniquement à garantir la rentabilité financière des
grandes entreprises et des multinationales. Et pour cela tout est permis, même
le cannibalisme. Bien sûr, tous les patrons veulent la baisse de la
rémunération du travail à coups d’allègements de cotisations sociales (les fameuses
« charges »), d’allongement de la durée du temps de travail ou carrément de
baisses du salaire. Mais pour faire ses marges, le patronat n’hésite pas à
dévorer les siens.
Les premières victimes de ce
cannibalisme : les PME, pourtant chevilles ouvrières de la reprise économique
et de la création d’emploi. Sous-traitants à qui l’on ordonne de baisser de
30 % leurs prix, petites entreprises qui ne verront pas la couleur des
aides publiques siphonnées par les gros, donneurs d’ordres qui font traîner le
paiement de leurs fournisseurs… Ce sont ces cannibales qui se retrouvent à
l’hippodrome de Longchamp. Et c’est à eux que le premier ministre a dit amen.
Sans doute avait-il peur de se faire manger.
Par Stéphane Sahuc
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