C’est à y perdre son latin ! Les mêmes qui se sont évertués à expliquer en mars que « le masque
ne servait à
rien » organisent aujourd’hui la chasse à celle ou celui qui n’en porte pas en certains lieux. Si ce
dispositif de protection individuelle est indispensable, s’il permet de contenir et de faire
éteindre la pandémie, alors il convient de respecter les consignes sanitaires.
Il y aurait moins de doutes si le gouvernement n’avait pas dit tout et son
contraire dans sa gestion des pénuries et s’il n’y avait pas dans l’arène
médiatique tant de contradictions entre médecins et entre scientifiques.
Si le masque est quasiment partout obligatoire, l’État doit le
traiter comme un bien commun indispensable pour la santé publique. Cela induit de le soustraire des violentes griffes du
marché capitaliste et de la concurrence. Au nom du bloc de constitutionnalité
française qui garantit la protection de la santé de toutes et de tous, le
masque doit être gratuit. Il risque de représenter une charge mensuelle
d’environ 300 euros pour une famille de quatre personnes, soit 3 600 euros au moins pour une année. Si on en croit les propos du
directeur de l’Organisation
mondiale de la santé,
Tedros Adhanom Ghebreyesus, cela risque fort de durer plus longtemps, puisqu’il espère que nous pourrons « en
terminer avec cette pandémie en moins de deux ans »,
ajoutant que « ses effets seront ressentis pour les
décennies à venir ».
C’est donc une grave injustice supplémentaire pour les familles
modestes qui n’en peuvent plus.
Certaines ne pourront acheter des masques en quantité suffisante et utiliseront
celui porté dès le matin toute la journée, avec de graves conséquences
possibles pour leur santé, et celle des autres.
Cette obligation sans gratuité peut devenir vite une
discrimination supplémentaire. Le
pouvoir répète que cela coûterait cher à l’État. Sans doute, mais que sont
quelques milliards pour protéger les citoyens et les familles à côté de ceux
qu’il distribue chaque jour sans contrôle ni contreparties, des capitalisations
boursières qu’encourage le système, des dépenses pour le surarmement ou des
réductions d’impôt pour les sociétés et les plus fortunés ?
Constitutionnellement, les citoyens jouissent d’un « droit de
créance »
qui leur permet d’exiger
de leur gouvernement l’exécution d’une obligation, ici celle de garantir la protection de la santé pour toutes et tous. Ajoutons que des dispositions européennes, voire
internationales, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé, devraient
faire cesser les méfaits de firmes intermédiaires qui s’enrichissent grassement
sur le commerce des masques. Le droit à la protection sanitaire et la justice
sociale imposent donc la gratuité des masques. L’immédiat appelle également à
se donner de nouveaux moyens pour tester la totalité de la population sans
doute plusieurs fois à titre préventif et pour soigner quand c’est nécessaire.
Les ravages sont déjà colossaux : 800 000 décès et plus de 23 millions de contaminations.
Au lieu de la course au vaccin, chacun dans son couloir national
pour favoriser les laboratoires privés et les trusts pharmaceutiques à base
nationale, il serait plus utile et efficace d’impulser une coopération mondiale pour la recherche d’un vaccin
et pour son accès à toutes et tous.
Celui-ci devrait être considéré comme un bien commun universel, échappant à la
marchandisation capitaliste. Il est tout à fait insupportable que des trusts
pharmaceutiques se gavent de profits et de rémunérations de leurs actionnaires
sur la pandémie tout en licenciant des salariés alors qu’ils bénéficient, comme
Sanofi, de fonds publics et des travaux de la recherche publique. Non, la santé
ne peut être une marchandise !
Par Patrick Le Hyaric
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