Deux puissantes explosions successives ont
secoué mardi Beyrouth faisant un nombre indéterminé de morts et de blessés,
semant la panique et provoquant un immense champignon de fumée dans le ciel de
la capitale libanaise.
Dans une première réaction d'un
responsable, le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a
indiqué que les explosions étaient peut-être dues à des "matières
explosives confisquées depuis des années", mais ajouté que l'enquête en
cours devrait déterminer "la nature exacte de l'incident".
Des vidéos diffusées sur les réseaux
sociaux ont montré une première explosion suivie d'une autre qui provoque le
gigantesque nuage de fumée. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles
et brisé des vitres à des kilomètres à la ronde.
Le président Michel Aoun a convoqué une
"réunion urgente" du Conseil supérieur de la Défense et le Premier
ministre Hassan Diab a décrété un jour de deuil national.
Selon l'agence nationale d'information
ANI, il y a eu "des morts et des blessés". Le président de la
Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh, a évoqué "des centaines de
blessés", dans un appel à la télévision libanaise LBC. "Nous sommes
submergés par les appels téléphoniques", a-t-il dit.
"C'est une catastrophe à l'intérieur
(du port). Il y a des cadavres par terre. Des ambulances emmènent les
corps", a indiqué à l'AFP un soldat aux abords du port.
Les médias locaux ont diffusé des images
de personnes coincées sous des décombres, certaines couvertes de sang.
"J'ai senti comme un tremblement de
terre et puis après une énorme déflagration et les vitres se sont cassées. J'ai
senti que c'était plus fort que l'explosion lors de l'assassinat de Rafic
Hariri" en 2005, provoqué par une camionnette bourrée d'explosifs, a
déclaré à l'AFP une Libanaise dans le centre-ville de Beyrouth.
- "Propulsés" -
Le secteur du port a été bouclé par les
forces de sécurité, qui ne laissent passer que la défense civile, les
ambulances aux sirènes hurlantes, et pompiers, selon des correspondants de
l'AFP à l'entrée du port.
Aux abords, les dégâts matériels et
destructions sont importants.
Plus de deux heures après l'explosion, les
flammes enveloppaient toujours le secteur. Un hélicoptère collecte de l'eau de
la mer pour éteindre les incendies, a constaté une correspondante de l'AFP.
"Nous avons vu un peu de fumée et
ensuite une explosion. Puis le champignon. La force de l'explosion nous a
propulsés en arrière dans l'appartement", a raconté un habitant du
quartier de Manssouriyeh, qui a assisté à la scène depuis son balcon, à
plusieurs kilomètres du port.
Après les explosions, de nombreux
habitants, dont certains blessés, marchaient vers des hôpitaux dans plusieurs
quartiers de Beyrouth. Devant le centre médical Clémenceau, des dizaines de
blessés parmi lesquels des enfants, parfois couverts de sang, attendent d'être
admis.
Des voitures, avec leurs airbags gonflés,
mais aussi des bus, ont été abandonnés au beau milieu de plusieurs routes.
Selon des témoins, les déflagrations ont
été entendues jusqu'à la ville côtière de Larnaca, à Chypre, distante d'un peu
plus de 200 km des côtes libanaises.
Israël, Hezbollah ?
Le 14 février 2005, un attentat
spectaculaire provoqué par une camionnette bourrée d'explosifs avait ciblé le
convoi de Rafic Hariri, le tuant ainsi que 21 autres personnes et faisant plus
de 200 blessés. La déflagration avait provoqué des flammes hautes de plusieurs
mètres, soufflant les vitres des bâtiments dans un rayon d'un demi-kilomètre.
Vendredi, le Tribunal spécial pour le
Liban (TSL), basé au Pays-Bas, doit rendre son verdict dans le procès de quatre
hommes, tous membres présumés du puissant mouvement libanais Hezbollah, accusés
d'avoir participé en 2005 à l'assassinat de Rafic Hariri.
Le Liban connaît sa pire crise économique
depuis des décennies, marquée par une dépréciation monétaire inédite, une
hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires
drastiques, qui alimentent depuis plusieurs mois la grogne sociale.
Il y a une semaine, après des mois de
calme relatif, Israël a dit avoir déjoué une attaque "terroriste" et
ouvert le feu sur des hommes armés ayant franchi la "Ligne bleue"
séparant le Liban et Israël, avant qu'ils ne repartent côté libanais.
Le Premier ministre israélien, Benjamin
Netanyahu, a attribué l'infiltration au Hezbollah.
Accusé de
"jouer avec le feu", le mouvement a démenti toute implication.
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