La Biélorussie sortira-t-elle par le haut de la crise qui la secoue
actuellement ? La réponse est entre les mains d’Alexandre Loukachenko. Celui
qui préside aux destinées du pays depuis près de trois décennies est
indubitablement le premier responsable de la colère des Biélorusses. Même si
une partie du peuple lui sait encore gré d’avoir assuré et garanti, durant ces
décennies, la satisfaction des besoins fondamentaux : santé, emploi, logement…
quand les pays de l’ancien camp soviétique subissaient des cures d’ultralibéralisme
entraînant explosion des inégalités, misère et désespoir.
Mais le régime autocratique qu’il a mis en place atteint aujourd’hui un
point de rupture. La mascarade des résultats a été la goutte d’eau qui fait
déborder le vase de la colère. Loukachenko doit en prendre la mesure et
reconnaître qu’il doit partir sans céder à la tentation répressive. Pour que
l’issue soit dans l’intérêt du peuple biélorusse, il faut également que les
« Occidentaux » et les Russes assument que cette sortie de crise est aussi de
leur responsabilité.
Tous doivent avoir en
tête le catastrophique précédent ukrainien et au cœur la volonté de laisser le
peuple biélorusse décider de son destin. Le fait qu’Emmanuel Macron et Angela
Merkel plaident pour une « coordination » entre l’UE et la
Russie pour dénouer la situation et que Moscou accueille favorablement cette
proposition va dans le bon sens. Mais la lecture de l’article de BHL dans
le JDD est plus inquiétante. Il y relève benoîtement que
Svetlana Tsikhanovskaïa, l’opposante principale, est encadrée par les services
secrets de Vilnius, « la ville courage, en première ligne face à
Poutine », et par la Freedom House, historiquement liée à la Ligue
anticommuniste et profondément russophobe. Eux veulent avant tout une
Biélorussie sous influence occidentale au détriment de Moscou. Sans oublier au
passage de passer l’économie du pays dans la lessiveuse de la libéralisation.
Si c’est dans cette voie que s’engage l’après-Loukachenko, alors le poison
nationaliste l’emportera une nouvelle fois au détriment de la démocratie.
Stéphane Sahuc
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