Beaucoup craignent le retour à une
situation critique. Pourtant, la recrudescence de cas ne s’accompagne pas
d’hospitalisations en cascade.
On ne parle que de ça. La deuxième vague arriverait cet automne ou en
hiver. Ce serait « hautement probable », selon le Conseil scientifique. La
« circulation du virus s’intensifie » à Paris, à Marseille et dans certaines
régions, alertait, lundi 10 août, le ministère de la Santé. Même constat
en Europe. Cependant, « il n’y a aucun signal d’alarme en termes
d’hospitalisation », note le Pr Jean-François Delfraissy, directeur du
Conseil scientifique. Même si l’on constate une légère hausse. Et, malgré tous
les foyers qui surgissent ici et là (au 10 août, 21 nouveaux foyers
étaient identifiés sur les dernières 24 heures), en quatre mois, la
mortalité quotidienne a été divisée par quinze en Europe. Aujourd’hui,
« l’épidémie semble différente, elle touche une population plus jeune »,
poursuit le directeur du Conseil scientifique. Une deuxième vague impliquerait
une transmission généralisée et incontrôlée et provoquerait un nouvel
encombrement des hôpitaux. Ce qui n’est pas le cas.
Un effet de loupe plus qu’un véritable
rebond
Pour l’épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé
globale de l’université de Genève, « l’idée d’une deuxième vague laisserait
penser à un cycle répétitif tant qu’un vaccin ne sera pas trouvé. Une sorte de
courbe ascendante et descendante. Au Luxembourg, par exemple, cette courbe
donne vraiment l’impression d’une seconde vague. Mais ce qui l’explique
essentiellement, c’est la multiplication des tests ». Car depuis le
déconfinement beaucoup de choses ont changé. « Décupler les tests révèle des
chiffres de personnes contaminées qui étaient certainement sous-évalués »,
avance Antoine Flahault. Dépister des cas chez les moins de 40 ans n’a
donc que très peu de conséquences en termes de sévérité et de complications. D’une
part, les personnes identifiées comme porteuses du virus s’isolent des
bien-portants. D’autre part, les personnes à risque se protègent davantage. Les
gestes barrières sembleraient avoir joué leur rôle. Et s’il existe bien une
recrudescence du nombre de cas depuis le déconfinement, il faut plutôt parler
d’effet de loupe que de véritable rebond.
Alors faut-il craindre une vraie vague à
l’arrivée des jours plus frais ? « Nous nous refusons de faire des prévisions
aussi lointaines », insiste Antoine Flahault. Cependant, l’épidémiologiste
propose de regarder avec attention ce qui se passe aujourd’hui en Australie. Au
cœur de l’hiver austral, le continent subit les assauts d’une vague hivernale.
« Mais nous n’observons pas de vague épidémique significative là-bas »,
note-t-il. « Des mesures strictes ont été imposées avec notamment le
reconfinement de Melbourne, où d’importants clusters semblaient difficiles à
contrôler. Le port du masque est devenu obligatoire, mais aussi des contrôles
stricts aux frontières. Il semble que l’on puisse empêcher ainsi l’arrivée
d’une vague hivernale. Fera-t-on de même avec autant de succès en Europe ? Je
n’en sais rien. Mais ce qui se passe en Australie est plutôt rassurant, s’ils
arrivent à tenir la circulation du virus sous contrôle tout l’hiver, jusqu’en
octobre. »
Nadège Dubessay
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