La
raison non seulement voudrait qu’on mette définitivement au placard la
contre-réforme des retraites mais aussi qu’on revienne à la retraite à 60 ans pour permettre aux centaines de milliers de jeunes en âge de
travailler de remplacer celles et ceux qui auraient droit à une retraite bien
méritée. De même, une réelle diminution du temps de travail hebdomadaire
permettrait de créer des centaines de milliers d’emploi. Les crédits publics,
qui viennent en aide aux grandes sociétés devraient être conditionnés à cette
nécessité : faire de la place aux jeunes. Ce n’est pas le choix du pouvoir qui, derrière son projet « un jeune, une
solution », utilise la pandémie pour accentuer encore le reformatage
du droit du travail tout en faisant bénéficier les
entreprises d’un nouveau cadeau royal.
Le premier ministre ne s’en est pas caché, promettant « un dispositif
exceptionnel de réduction des coûts du travail ». De fait, le
pouvoir utilise la situation pour exonérer les employeurs de cotisations
sociales pour toute embauche temporaire
d’un jeune jusqu’à la valeur de deux SMIC. Cela fait plus de quatre décennies
que ces recettes sont appliquées. Résultat
: le chômage, la précarité, les inégalités augmentent à la vitesse d’un cheval
au galop et les actionnaires se régalent. En
vérité, le pouvoir et ses soutiens veulent profiter
de l’angoisse et de la peur qu’engendre la crise sanitaire pour faire des jeunes des appendices corvéables de la machine et des
pions du grand patronat. Pas un jour ne passe sans que celui-ci ne réclame la
réduction de la dépense publique. Voici pourtant que, dans le plan
gouvernemental, l’Etat prendra en charge la valeur des cotisations ainsi
perdues pour les caisses de protection sociale. Autrement
dit, ceux qui n’ont pas de mots assez durs contre l’emploi public, inventent le
financement public de l’emploi privé !
Le grand patronat va utiliser ce dispositif comme un effet d’aubaine pour
toucher des subventions publiques et accentuer la concurrence en vue de
diminuer les rémunérations du travail. La jeunesse devient ainsi le nouveau
terrain d’expérimentation du remodelage capitaliste par la mise en concurrence exacerbée entre travailleurs expérimentés
et jeunes entrant dans les entreprises. Cette division sera d’autant plus
accentuée que la contre-réforme scélérate de l’assurance chômage empêche chaque
jeune qui n’a pas travaillé continûment durant six mois d’être indemnisé.
Le conditionnement à une activité durant deux ans devrait être levé pour qu’un
jeune puisse bénéficier du revenu de solidarité active (RSA). Une distinction
devrait être faite entre l’aide aux petites entreprises et aux artisans et
celles aux grandes sociétés bénéficiant déjà d’avantages fiscaux sans
contrepartie. Ajoutons qu’avec la Banque publique d’investissement, il serait
possible de se donner des moyens pour aider les entreprises qui s’engagent
dans des initiatives d’embauches durables et de
formations correctement rémunérées.
Au-delà, l’accès au travail des jeunes devrait s’inscrire dans un véritable
plan sur plusieurs années tirant les leçons d’une crise sanitaire qui n’en
finit pas. Celle-ci pose des défis potentiellement riches en millions
d’emplois. La reconquête industrielle et agricole et le déploiement d’une économie
de la mer en lien avec une alimentation de qualité adossés à une stratégie de
transition environnementale réclament autant de formations que de travail. De
grands projets sont nécessaires pour développer les transports publics en ville
comme à la campagne, pour consolider la SNCF et l’aider à impulser le fret
ferroviaire, pour rénover et construire des logements à prix abordables, aider
collectivités locales et associations à monter des projets urbains soucieux de
l’environnement, pour une restauration scolaire de qualité, ou une agriculture
urbaine riche en emplois et formations. L’avenir
ne passe pas par la flexibilité et la précarité du travail mais par une
sécurité de vie dont celle du travail et des formations, incluant une garantie de rémunération.
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