En nommant plusieurs anciens conseillers
de l’exécutif à ce poste, le gouvernement continue d’étendre son influence dans
les collectivités territoriales.
S’inspirant du modèle américain du spoil system, Emmanuel Macron est-il en
train de mettre la main sur l’administration ? C’est du moins ce que laisse
entrevoir la nomination par le chef de l’État de 18 nouveaux préfets, ce
mercredi. Parmi eux, de nombreux conseillers issus des rangs de la Macronie.
Le spoil system – en français, système de dépouilles – est une
tradition politique ancrée aux États-Unis. À chaque alternance, l’exécutif est
appelé à renouveler l’intégralité de la haute administration, avec l’idée que
les fonctionnaires doivent être loyaux au pouvoir politique pour faciliter la
mise en place des réformes. Une pratique vantée par Emmanuel Macron, en
2017 : « Dans les deux prochains mois du quinquennat, je changerai ou
confirmerai l’intégralité des postes de direction dans la fonction publique. »
Les 61 nominations actées pendant le dernier Conseil des ministres
laissent présager que le président a accéléré la mise en place d’un tel
système. 18 personnalités ont fait leur entrée ou leur retour dans le
corps préfectoral, et 15 autres préfets se sont vus déplacés vers un autre
département. Il s’agit du plus vaste mouvement de nominations depuis le début
de son mandat.
Et force est de constater que l’exécutif a eu à cœur de promouvoir
plusieurs collaborateurs de la majorité. Ainsi, Jean-Marie Girier, jusqu’alors
chef de cabinet de Richard Ferrand à l’Assemblée nationale, se voit propulsé
préfet du Territoire de Belfort, quand Laurent Hottiaux, conseiller intérieur
et sécurité de la présidence depuis 2017, devient préfet des Hauts-de-Seine.
Jupiter n’a pas non plus délaissé les anciens collaborateurs d’Édouard
Philippe, en nommant Xavier Brunetière, ancien conseiller outre-mer du premier
ministre, dans le Gers, et Éric Jalon, chargé du pôle intérieur à Matignon,
dans l’Essonne. La femme d’affaires Salima Saa, nouvelle préfète de Corrèze,
constitue quant à elle une nouvelle prise à la droite. Elle fut notamment
secrétaire nationale des « Républicains ».
Même si la mise en place d’un spoil system
à l’américaine (4 000 départs à chaque alternance) semble encore loin, le
fait qu’Emmanuel Macron nomme plusieurs collaborateurs à ces postes n’est pas
anodin. Ces derniers occupent une position clé dans le maillage du territoire,
chargés de mettre en œuvre les « politiques gouvernementales de développement
et d’aménagement à l’échelle du département ». Le président a donc tout
intérêt à s’assurer de leur soutien. D’autant plus qu’ils auront un rôle majeur
à jouer dans la future loi de différenciation territoriale.
Jules Fresard
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