La recherche d’un vaccin contre le Covid-19 dit beaucoup de l’époque : les
formidables capacités scientifiques, leur capture à des fins mercantiles,
l’éclatement d’un monde entre États concurrents, la défiance grandissante des
opinions publiques à l’égard des « gouvernants » et parfois de la science
elle-même. Alors que 16 millions de personnes ont été infectées dans le
monde et que 660 000 sont décédées, la quête du sérum miracle a atteint une
nouvelle phase : la troisième en l’occurrence, celle des tests à grande échelle
sur des volontaires, commence pour quatre candidats.
Dans l’histoire de la science et de l’humanité, jamais autant de chercheurs
n’auront mis en commun leur savoir afin de résoudre un problème majeur pour
notre monde. Il faut se féliciter de la possibilité de voir un vaccin être mis
au point en douze ou dix-huit mois, là où une bonne décennie s’avère la durée
habituelle. Mais la nécessaire urgence sanitaire ne doit pas voiler quelques
questions. La marche forcée au remède peut être la première d’entre elles :
aller plus vite que la science « peut poser problème », alertent
des scientifiques. Laisser les mains libres à Big Pharma en pose
incontestablement un. Les États sont comme devenus des clients de ces
multinationales de la santé et participent à des enchères de fait en injectant
des milliards d’euros dans l’espoir d’être servis les premiers. Les États-Unis
de Donald Trump semblent imbattables en la matière. Espérons qu’il n’y ait
jamais à écrire : « Vaccins, prix et profits ». Cela nous semble
relever du truisme : un problème mondial de santé publique ne peut être piloté
que par la puissance publique.
Dans certains pays – dont la
France –, la gestion chaotique de la crise épidémique a produit
incompréhensions et colère qui se transforment en partie en défiance. Un
chiffre la résume : un tiers des Français refuserait de se faire vacciner
contre le Covid-19. Le principe de la vaccination, qui a permis au cours du
XXe siècle de sauver des millions de vies et d’éradiquer de la surface de
la Terre de nombreuses maladies, mérite sans doute que l’on considère les
patients à soigner d’abord et avant tout comme des citoyens conscients.
Par Christophe Deroubaix
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