L’exécutif, à travers cette tension
policière entretenue dans le cortège parisien, a fait passer un message clair :
il ne cédera rien au mouvement social, pas plus qu’aux revendications de
changement de méthodes policières.
On la voit traînée au sol, tirée par les cheveux, jetée à plat ventre,
menottée puis mise à genoux tandis qu’elle réclame en vain sa Ventoline…
L’interpellation ultraviolente, mardi, de Farida n’en finit pas de susciter
l’indignation. À raison. Quelle terrible symbolique de voir cette infirmière
cinquantenaire, après deux mois passés sur le front du coronavirus, se faire
molester par une escouade de CRS. À bout de nerfs, cette femme de
1,55 m aurait jeté des pierres et fait des doigts d’honneur ? La belle
affaire. Cela justifie-t-il des bleus, des bosses et une côte cassée ? Sans
verser dans le complotisme, difficile de ne pas voir derrière la disproportion
des gestes policiers une volonté assumée – et inadmissible – de faire
un exemple. Et derrière la gestion chaotique de cette manifestation un message
subliminal envoyé par le pouvoir.
Depuis deux ans, des gilets jaunes aux mobilisations contre la réforme des
retraites, les images noyées de lacrymo et de matraques sont devenues
courantes. Mais voilà, cette fois, la mobilisation des soignants intervenait
après la crise du Covid-19. Et d’aucuns imaginaient que les hommages aux héros
des hôpitaux, ainsi que la reconnaissance présidentielle de la nécessité d’investir
dans le service public, auraient changé la donne. À l’évidence, ce n’est pas le
cas. Les blouses blanches, applaudies durant deux mois, ne sont plus à la fête.
Et l’exécutif, à travers cette tension policière entretenue dans le cortège
parisien, a fait passer un message clair : il ne cédera rien au mouvement
social, pas plus qu’aux revendications de changement de méthodes policières.
Aucune surprise, au fond. Dans la lignée
de son discours de dimanche, Emmanuel Macron, en plein calcul électoral, continue
de cultiver les fondamentaux de la droite. Après avoir donné des gages sur le
plan sécuritaire, exonérant la police de toute réflexion sur sa doctrine et les
dérives racistes constatées en son sein, le chef de l’État flatte à nouveau la
frange la plus conservatrice, laissant la rue se faire réprimer sans mot dire.
Un jeu très dangereux. L’interpellation ahurissante par des agents de sécurité
de la SNCF d’une femme enceinte, à Aulnay-sous-Bois, devrait le faire
réfléchir. Nier autant des dérives aussi évidentes pourrait confiner à de la
complicité.
Par Laurent Mouloud
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