lundi 25 mai 2020

« JEAN-LOUP DABADIE AU PARADIS DES SALTIMBANQUES » ( MARIE-JOSÉ SIRACH)




Ecrivain, journaliste, scénariste, académicien, l’un des plus grands auteurs de la chanson française vient de mourir.

Ils n’en finissent pas de mourir, ces artistes qui ont bercé nos rêves de jeunesse et accompagné tout au long de nos vies. Quelques jours après la disparition de Michel Piccoli, c’est au tour de Jean-Loup Dabadie de tirer sa révérence. On appelle ça les choses de la vie...

On doit à Dabadie quelques-unes des plus belles chansons du répertoire français. “La Chanson d’Hélène”, chantée par Romy Schneider et Michel Piccoli; “Ma préférence”, par Julien Clerc; “l’Italien” par Serge Reggiani; “Marie Chenevance” par Barbara; “le Clan des Siciliens” par Dalida”; “ Tous les bateaux, tous les oiseaux”, “On ira tous au paradis” par Michel Polnareff; “Chanteur de jazz” par Michel Sardou????”... Il a écrit les plus belles déclarations d’amour qu’on peut faire à une femme, des refrains délicats et élégamment troussés, des chansons comme un arrêt sur image sur des histoires de vies en quelques couplets et un refrain, de celles qui vous trottent dans la tête et vous accompagne sans jamais vous lâcher. Il avait l’art de l’hémistiche et de l’ellipse, la maîtrise de la rime, un sens de l’humour délicat…

A vingt ans, il se voyait écrivain, publie coup sur coup deux romans, “les Yeux secs” et “les Dieux du foyer” et se lance dans le métier de journaliste. Il croise la route de Pierre Lazareff puis de Philippe Sollers et de Jean-Edern Hallier, collabore à leurs côtés à la revue “Tel quel”, écrit des critiques de films pour “Arts”. Tout tourne et le ramène à l’écriture qui ne le lâchera plus. S’il renonce à publier des romans, c’est pour mieux se rapprocher de la télévision et du cinéma. Avec Jean-Christophe Averty et Guy Bedos, ils forment un trio d’exception. “Bonne fête Paulette”, c’est lui. “Le Boxeur”, c’est lui aussi qui taille sur mesure des sketchs pour Bedos. En parallèle, il amorce une carrière de scénariste. Il collabore avec Claude Sautet aux scénarios des “Choses de la vie”, de “César et Rosalie”, et d’“une Histoire simple”; avec Yves Robert pour “un Éléphant, ça trompe énormément” et “Nous irons tous au paradis”; avec Claude Pinoteau pour “la Gifle” ou encore François Truffaut pour “une Belle fille comme moi” avec une Bernadette Lafont resplendissante et délicieusement menteuse.

Récompensé à maintes reprises, côté chanson Dabadie reçoit le grand prix Vincent-Scotto en 1972, le grand prix de la Sacem en 1984 et le Grand prix de la chanson française en 2000. Côté cinéma, deux des films dont il signe le scénario recevront le prix Louis-Delluc, “la Gifle” et “les Choses de la vie”. En 1989, il échoue à quelques voix à l’élection de l’Académie française. Il revêtira l’habit vert d’académicien le 12 mars 2009. Comme le fredonnait Romy Schneider, le soleil n’entrera plus dans la chambre de Dabadie...

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