mardi 26 mai 2020

« Espérance », le billet d'humeur de Christophe Prudhomme



 Espérance est aide-soignante en EHPAD et était en grève hier. Dans un groupe privé lucratif, ce n’est pas facile de se mobiliser. Mais depuis deux ans, avec la CGT un syndicat a été créé et même si elles ne sont pas nombreuses, la solidarité du petit groupe lui a donné le courage de sortir devant l’établissement avec sa chasuble rouge pour demander avant tout le versement de la fameuse prime promise par le gouvernement mais qui, dans le privé, est laissée au bon vouloir des patrons. Elle préférerait une augmentation de salaire car avec 1 400 euros, les fins de mois sont difficiles avec ses deux enfants. Alors une prime de 1 500 euros, ce sera un ballon d’oxygène.


Mais la liste des revendications est longue dans son établissement. D’abord ce sont des effectifs supplémentaires car il n’est pas possible de faire la toilette d’un résident confiné au lit en 10 minutes. Et puis, que les résidents qui ne peuvent se laver seuls n’aient droit qu’à deux douches par mois, cela la révolte. Il faudrait aussi une infirmière la nuit, car quand un résident val mal, il faut appeler le SAMU et il est difficile de donner tous les éléments utiles au médecin régulateur.

Car même si Espérance a de l’expérience, sa formation médicale est limitée.
Espérance se bat car elle ne veut pas être oubliée. Le gouvernement a annoncé une revalorisation des salaires mais surtout pour les infirmières. Oui, mais nous travaillons ensemble et une infirmière sans une aide-soignante ne peut pas prendre en charge seule un patient. Nous formons une équipe. Car même si le travail est dur, l’équipe c’est important. Et puis, on parle beaucoup des hôpitaux mais les EHPAD, ce sont 800 000 résidents souvent très dépendants dont il faut s’occuper tous les jours. Et pour pouvoir bien travailler, nous réclamons depuis plus de deux ans des embauches pour atteindre le ratio d’un personnel soignant par résident, c’est-à-dire ce qui existe dans plusieurs autres pays européens.


Alors oui, Espérance est pleine d’espoir, c’est pour cela qu’elle lutte avec le syndicat, car elle aime son métier et ne veut pas l’abandonner comme un certain nombre de ses collègues qu’elle a vu partir ses dernières années, lassées par la dureté des conditions de travail et la faiblesse des salaires.

Dr Christophe Prudhomme

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