mardi 26 mai 2020

HÔPITAL. UN LANCEMENT CHAOTIQUE DU SÉGUR DE LA SANTÉ



La CGT AP-HP appelait à un rassemblement, ce mardi, devant l’hôpital Saint-Antoine pour acter le retour des « mardis de la colère » et dénoncer l’ouverture ratée de la grande concertation pour rénover le système de santé.
Le premier jour du Ségur de la santé ne restera pas dans les annales. La CGT de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a dénoncé ce mardi, lors d’un rassemblement d’une centaine de personnes devant l’hôpital parisien de Saint-Antoine, l’absence d’ambition et les modalités de lancement par Édouard Philippe de ce mois de concertation. Faisant suite à la promesse du président de la République en mars dernier, le démarrage ce lundi de la discussion, qui sera menée sur la base de quatre piliers – « transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent », « définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins », « simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes », « fédérer les acteurs de la santé au service des usagers » –, n’a pas convaincu. 

«  Ce Ségur est un grand show, avance Christophe Prudhomme, de la fédération CGT santé action sociale, nous voulons de vraies négociations avec, sur la table, la question des emplois, des rémunérations et aussi l’arrêt des fermetures de lits. Il faudrait acter une bonne fois pour toutes la fin du secteur privé lucratif dans la santé comme dans le médico-social. » Un passage de l’allocution du premier ministre n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le plan Ma santé 2022, lancé par Agnès Buzyn, serait ainsi poursuivi et amplifié alors qu’il devrait avoir pour conséquence, entre autres, la fermeture de 300 hôpitaux de proximité… « C’est la continuité de l’hôpital entreprise, s’agace Rose-May Rousseau, secrétaire générale de l’Usap CGT. 4 700 collègues ont été malades du Covid à l’AP-HP, certains ont aussi perdu la vie, et c’est tout ce que le gouvernement trouve à dire ? »

Les méthodes douteuses de l’exécutif
Entre les prises de parole, des « Même si Macron ne le veut pas, nous on est là » retentissent devant l’entrée de l’hôpital. Lundi, les méthodes douteuses de l’exécutif ont également mis le feu aux poudres. Alors que les expressions individuelles n’étaient pas censées être autorisées pour le lancement du Ségur, le ministre de la Santé a sollicité quinze interlocuteurs, dont la CFDT (troisième syndicat dans la santé), des associations de médecins, la Fédération hospitalière de France ou des représentants de cliniques privées… entraînant la déconnexion de la fédération CGT, qui a estimé dans un communiqué : « Ce choix nous interroge au plus haut point sur les liens entre la nomination de la pilote des concertations (la contestée ex-secrétaire générale de la CFDT Nicolas Notat – NDLR) et cette stratégie qui vient nier la représentativité syndicale, légale et légitime. » 

Pour le secrétaire général de SUD santé-sociaux, Jean-Marc Devauchelle, l’incompréhension est totale : « La CGT est le premier syndicat et on fait parler la CFDT qui n’a jamais beaucoup fait pour la défense de l’hôpital public… » Ce mardi, les discussions sont entrées dans le vif du sujet. Les thématiques principales ont été balayées avant un focus, l’après-midi, sur les carrières et les rémunérations. « Nous n’avons été convoqués que sur cette thématique, j’ai écrit au ministère pour avoir un calendrier de la suite. J’espère bien que nous ne sommes pas invités que sur ce point car nous avons plein d’autres choses à dire », souligne Jean-Marc Devauchelle.

Pour tous, la meilleure réponse aux effets de communication est la montée en puissance des mobilisations dans les hôpitaux avec notamment la reprise des « mardis de la colère ». Des représentants de différents établissements de l’AP-HP se sont joints au rassemblement. D’autres manifestations se tenaient également à l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à Édouard-Herriot, à Lyon (Rhône), ou encore à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Pour Aurélie Jochaud, infirmière à Saint-Antoine et déléguée syndicale CGT, « si on veut que les choses changent, on ne peut compter que sur nous-mêmes. On a vu que le gouvernement a garanti un prêt de 5 milliards à Renault et, pour la santé, il ne peut même pas annoncer tout de suite un montant précis d’augmentation de salaire ? C’est quand même pas compliqué ! On réclame toujours 400 euros par mois pour tous les métiers de l’hôpital ».

Cécile Rousseau


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