dimanche 26 avril 2020

« Sanctions ? », le billet d’humeur de Christophe Prudhomme




Dès le début de l'épidémie, l'administration, pour se dédouaner, tente dans certains établissements de mettre la responsabilité de la contamination des patients sur le dos des soignants.
Nous avons donc vu se multiplier les menaces et les sanctions. Sanctions comme à Toulouse dans un EHPAD où deux infirmier-e-s ont été mis à pied pour avoir osé réclamer des masques. Hier nous apprenons qu'à l'hôpital de Périgueux une enquête de l'ARS met en cause le personnel dans le développement d'un foyer épidémique dans l'établissement. il est évoqué le "non-respect des mesures barrières". Mais de qui se moque-t-on ? De par la loi, les ARS sont responsables du bon fonctionnement du système de santé, ce qui implique la mise à disposition des matériels nécessaires à cette mission, notamment les équipements de protection individuelle. Or les ARS ont été plus que défaillantes à ce niveau. 

Ce sont donc leurs responsables qu'il faut sanctionner et non les lampistes sur le terrain qui ont été exposés sans protection au virus et dont certains en sont morts et vont encore en mourir
Nous en avons assez de cette administration sanitaire qui ne sert que de relais aux gouvernements pour nous imposer depuis des années des restrictions budgétaires et des restructurations avec des fermetures de lits. Dès leur mise en place, nous avons contesté ces agences dirigées par des directeurs généraux tout puissants, véritables préfets sanitaires, nommés directement par le Premier Ministre. Leur caractéristique est le manque total de démocratie avec des instances dans lesquelles les élus locaux et les représentants syndicaux sont méprisés. A cela s'ajoute, les statuts précaires de nombreux employés qui, ne bénéficiant plus du statut de fonctionnaire avec sa garantie d'indépendance dans l'exercice de ses fonctions, sont soumis à des pressions constantes pour appliquer des mesures auxquelles bien souvent ils n'adhèrent pas


Face à cette situation, le limogeage du directeur général de l'ARS de la région Grand-Est ne suffit pas. C'est l'ensemble de l'administration sanitaire qu'il faut réformer pour qu'elle retrouve sa mission première qui est de veiller à ce que toute la population ait accès à un système de santé alliant proximité et qualité. Il est indispensable par ailleurs qu'elle soit soumise à un contrôle démocratique dans les départements et les régions.
Dr Christophe Prudhomme


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