Il y a décidément une absente de marque dans le tête-à-tête organisé entre
le gouvernement et le Conseil scientifique mis en place pour l’éclairer dans la
gestion de la crise sanitaire : la démocratie. C’est le propre des pouvoirs
affranchis de tout contrôle que de se livrer à toutes sortes de mensonges et
manipulations. Sur la réouverture des écoles, le gouvernement a non seulement
tranché à l’inverse de l’avis du Conseil scientifique – c’est son
droit –, mais il a sciemment caché pendant près d’une semaine la note de
ce dernier qui préconisait de maintenir les établissements « fermés
jusqu’au mois de septembre ».
Ainsi, c’est toute la société qui se trouve privée en temps utile des
éclairages nécessaires à la prise d’une décision qui la concerne pourtant au
premier chef, l’exécutif décidant de tout en toutes circonstances sans la
consulter. Le Conseil scientifique lui-même ne s’y est pas trompé, en alertant
dans une autre note dissimulée à l’opinion : « La confiance des
citoyens dans les institutions suppose que celles-ci ne fonctionnent pas
exclusivement par un contrôle opéré d’en haut. » On nous répondra que
les députés sont justement convoqués mardi pour voter sur le plan de
déconfinement que lui présentera le premier ministre. Mais les forces les plus
attachées au respect du rôle du Parlement dénoncent des conditions d’examen
indignes, avec un plan connu seulement mardi matin et soumis à un seul et
unique vote pour paralyser toute dissidence dans la majorité. Ainsi, le
résultat du scrutin, accordé du bout des lèvres à l’issue d’un simple
« débat », est joué d’avance et sans risque aucun pour le gouvernement.
Cette gestion où
autoritarisme et opacité vont de pair préfigure le « jour d’après » préparé à
l’Élysée. Silence, on casse les droits sociaux : après la suspension des lois
sur les horaires de travail, l’exécutif sort ces jours-ci une batterie de
décrets pour accélérer les licenciements et autres réorganisations à
l’entreprise. C’est ainsi une véritable « loi travail » nouvelle édition qui se
met en place en douce et sans vote. Souhaitons que le 1er Mai, les
revendications, elles, ne restent pas confinées.
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