La vérité éclate au grand jour : aucune des conséquences d’une sortie du confinement au 11 mai n’a été mesurée. Des millions de familles, de travailleurs restent, près de deux semaines après l’annonce présidentielle et à autant de semaines de la date fatidique, dans le flou le plus total, ne sachant ni comment, ni précisément quand, ni dans quelles conditions, notamment d’apprentissage, leurs enfants pourront retourner à l’école. Et la communication gouvernementale n’aide pas à y voir plus claire entre couacs et revirements persistants : par degrés scolaires, par régions, en fonction d’un cadre local ou d’un cadre national, la confusion est au sommet… de l’Etat.
Et certains
espèrent ressusciter une -fort mal à propos- controverse entre jacobins et
girondins quand il s’agit seulement de faire face aux invraisemblables
incompétences d’un pouvoir toujours incapable de dire quand et comment les
français pourront se doter de masques, ni quelle sera la politique de tests,
quand il seront disponibles et pour qui, et encore moins la stratégie globale
conduite par l’Etat qui oscille entre immunité collective et poursuite d’un
confinement qui l’empêchera…. Bien évidemment, les élus locaux doivent pouvoir
engager pratiquement les forces disponibles pour rouvrir les écoles, mais en
appui d’un cadrage national et avec un soutien logistique de l’Etat qui se fait
terriblement attendre.
Pour
remédier à ses coupables imprévoyances, le gouvernement a sorti sa botte
secrète : le volontariat. Formule magique qui jette un voile opaque sur ses
conditions objectives. Au moment où les autorités publiques redoutent des
émeutes de la faim dans certains territoires et alors que le confinement
commence à ébranler sérieusement les milieux populaires, s‘en remettre au
volontariat n’a que peu de sens. On n’est pas volontaire de la même manière
selon que l’on soit « puissant ou misérable », sommé de travailler en vivant à
l’euro près, ou télé-travaillant confortablement depuis une résidence
secondaire…
L’Etat
garant de l’égalité des citoyens et de leur protection s’efface donc au profit
du bon vouloir des uns et des autres. Qui plus est sur un enjeu qui figure au
socle du contrat social et républicain : l’école. Quelles traces laissera cette
rentrée discriminatoire sur l’universalité de l’enseignement, déjà bien abimée.
On voit aujourd’hui mal comment l’Etat pourrait garantir la suivi pédagogique
des millions d‘enfants qui resteront confinés. Les retards accumulés dans la
gestion de la crise se paient décidément très chers…
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