Depuis plusieurs années,
l'industrie pharmaceutique est montrée du doigt du fait des pénuries de
médicaments de plus en plus nombreuses. Alors que les vaccins constituent un des plus
importants progrès en termes de santé publique, les laboratoires n'ont rien
fait pour développer des produits plus sûrs, notamment en éliminant
l'aluminium, adjuvant mis en cause dans le développement de certains effets
secondaires. La principale innovation en termes de traitement de la période
récente est le traitement permettant de guérir de l'hépatite C, mais le
médicament n'a pas pu été mis à disposition de l'ensemble des patients du fait
du prix exorbitant exigé par les laboratoires.
Les dépenses de marketing des laboratoires sont supérieures à
celles consacrées à la recherche. L'essentiel de la presse médicale dépend des
publicités de l'industrie pharmaceutique. Une bonne partie des études menées
par les médecins dépendent de financements des laboratoires et présentent peu
d'intérêt en termes de priorités de santé publique. Elles ne visent le plus
souvent qu'à mettre sur le marché le plus rapidement possible un nouveau
médicament qui remplacera un ancien dont le prix est trop bas pour générer des
marges suffisantes. Nouveau médicament qui souvent n'a pas fait preuve de sa
supériorité par rapport à l'ancien mais qu'un lobbying forcé, par presse grand
public interposée, présente comme une innovation dont il faut faire profiter le
plus rapidement possible les patients. Presse beaucoup moins prolixe quand ce
médicament est retiré du marché quelques années plus tard, car finalement ses
effets secondaires s'avèrent plus importants que prévu. Mais ce n'est pas
grave, car même pendant un temps réduit de commercialisation les profits ont
été au rendez-vous
C'est la raison principale de mon refus de participer à une
bonne partie des protocoles mis en place dans mon service car je considère
qu'ils ne sont pas dans l'intérêt des patients et je n'accepte pas de les
utiliser comme cobayes. Enfin, cerise sur le gâteau j'apprends ces derniers
jours que le champion français de la pharmacie, SANOFI qui est la première
capitalisation boursière du CAC 40, va verser cette année 4,5 milliards de
dividendes à ses actionnaires, soit l'équivalent de son budget annuel de
recherche et développement.
Il existe ici un vrai problème politique. Est-il normal de faire
appel à la charité publique, avec notamment de grands shows médiatiques
soutenus par des artistes, pour financer la recherche ? La réponse est
clairement non. Quelle doit être, alors la décision politique qui s'impose ?
Dans un premier temps mettre en place un impôt spécial dissuasif sur le
versement de ces dividendes et dans un deuxième temps instaurer une maîtrise
publique des activités de recherche et de production des médicaments. Médicaments
qui doivent devenir des biens publics universels échappant au domaine marchand.
Dr
Christophe Prudhomme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire