Nous
nous trouvons aujourd’hui face à une pénurie de médicaments, au point d’entendre
certains, responsables de cette situation, nous parler sans honte, de
relocalisation, voire de nationalisation. Aussi comment ne pas évoquer, à ce
sujet, l’étonnante histoire de notre bonne ville de Romainville, qui fut une
des pionnières dans la fabrication de médicaments et qui le demeurera
longtemps.
Au
19e siècle, le grand pharmacien Émile Genevoix, qui fut lui aussi le
maire de la commune, créa rue de l’Église (aujourd’hui, rue Sadi Carnot) une des
premières fabriques de médicaments parce qu’il avait compris la nécessité de
substituer aux méthodes artisanales, la production en série de produits
pharmaceutiques.
Il
est amusant de voir qu’aujourd’hui une officine est établie qur le boulevard
qui porte son nom, comme en un clin d’œil…Puis vint, au début du 20e
siècle la célèbre Carmine-Lefranc, sise route de Metz, qui proposait un
fortifiant à base de suc de cheval. Enfin, en 1911, le docteur Roussel fonda
son laboratoire qui devint au fil des années Roussel-Uclaf, un des fleurons de
l’industrie pharmaceutique française.
Ici,
aux Bas-Pays, durant des décennies, jusqu’à 5000 salariés – chercheurs (ils
furent 1000) mais aussi conditionneuses, laborantines et techniciens – s’employèrent
à la noble tâche : soigner, guérir. Après la pénicilline, développée à
Romainville dans l’usine Sofrapen, ce fut bon nombre d’antibiotiques – grâce à
de puissants fermenteurs – la cortisone, la vitamine 12…Romainville possédait
la chaîne complète de développement de médicaments
Mais
dans le même temps, les travailleurs et leurs syndicats, la municipalité
devaient veiller à ce trésor local et national que guettaient ces prédateurs
(parfois étrangers comme l’allemand Hoechst ou l’américain Marion) qui finirent
par s’emparer de l’entreprise. C’est ce qui avait conduit le groupe communiste
à l’Assemblée nationale dont notre député Roger Gouhier, maire de Noisy-le Sec
une proposition de loi créant « un secteur public de l’industrie
pharmaceutique » comprenant Roussel-Uclaf, Rhône-Poulenc, Péchiney…nationalisés.
Le projet fut relancé en 1981, année d’espérance. En vain il fut abandonné en
1982.
Et
pour des militants courageux de l’usine – Danièle, Denise, Michèle, Christiane,
Gérard, Didier, Jean, Jacky, Frédo, Daniel…et Thierry, encore sur la brèche
aujourd’hui chez Sanofi, - les petits matins frisquets passés, tracta en mains
aux portes de l’usine, se suivaient et se ressemblaient.
Jour
après jour, il leur fallait lutter contre le virus de capitalisme qui, de
fusions en acquisitions, de recherche de profits en suppression d’emplois,
finit par avoir raison du site de Romainville qui pourtant fut un temps, le deuxième
en matière de recherche pharmaceutique en France.
À
vous, chers lecteurs confinés d’en tirer quelques enseignements.
GUY
AUZOLLES
merci Guy pour ce rappel historique
RépondreSupprimerMichèle Petroff