La première ministre l’affirme : « Olivier
Dussopt a toute ma confiance. » D’accord, mais
peu nous chaut. Qu’en est-il de
la confiance des Françaises et des
Français ? Comment le ministre du Travail, rattrapé par la patrouille pour une affaire de favoritisme,
peut-il en toute franchise venir expliquer à des millions de gens qu’ils ont tort d’avoir raison. On peut, et même on
doit, exiger des élus et des ministres quels qu’ils soient, qu’ils respectent
les règles du jeu démocratique en toute transparence. À l’évidence, ce
n’est pas vraiment le cas et pas seulement pour Olivier Dussopt.
Mais au-delà même de tel ou tel, c’est la pratique
politique du président et de sa première ministre qui est en question. Après la
réforme dite « juste », la
réforme dite « indispensable », c’est aujourd’hui la
réforme bricolée pour obtenir l’aval de la droite d’Éric Ciotti et tenter de
faire passer au Parlement un texte rejeté massivement, et pas seulement dans
les manifestations. Plus ça va et plus on a le sentiment d’une usine à gaz dont
ne tiendrait debout que la mesure la plus injuste, celle précisément qui est
rejetée. Le report de l’âge du départ à 64 ans. On a déjà montré ici à qui
cela profiterait. Les fonds de pension et les assurances privées, comme c’est
déjà le cas avec les dispositions européennes adoptées en 2019 pour les plans
d’épargne individuels ouvrant les retraites au marché.
Le président feint toujours de croire que c’est son
programme qui a été approuvé. C’est faux et il le sait. Il est aujourd’hui
désavoué et ne peut l’ignorer. Le gouvernement peut multiplier les petits
arrangements avec la droite, cela ne changera rien à ce fait politique majeur : sa réforme des retraites est rejetée par le pays. Continuer dans cette voie, c’est faire jour après jour la preuve qu’un fossé se creuse toujours plus entre le pouvoir et le
peuple. Oui le peuple, dont Jean-Jacques Rousseau disait dans le
Contrat social qu’il est « le souverain ». Le contrat est en jeu. Avec l’ouverture aujourd’hui des débats au
Parlement, les journées d’action de mardi et samedi, la semaine peut être un
tournant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire