Baudelaire, qui avait plus d’humour qu’on le croit, et
qui a même rédigé un traité sur la question, écrivait, dans Fusées ceci, qui
ne manque pas de sel : « Si un poète demandait à l’État le droit d’avoir quelques bourgeois dans son écurie, on serait fort étonné, tandis que si un bourgeois demandait du poète rôti, on le trouverait tout naturel. » Aujourd’hui, la droite
demande du ragoût d’écrivain et du sauté de philosophe. Dans une chronique, une
journaliste voit « un disciple d’Aristote derrière chaque détenteur du livret A ». Au motif que, comme le capitaliste qui est l’homme qui préside à
l’insertion du capital dans le processus de production, chaque détenteur du
livret A rejoint la vision du philosophe grec « d’un mouvement de l’existence, consistant à traduire un potentiel en acte ». De l’autre côté des
Alpes, le ministre de la Culture de Giorgia Meloni nous accommode Dante à la
milanaise en déclarant, dans la grande ville du Nord : « Dante est le fondateur de la pensée de droite en Italie. » C’est ce qu’on peut appeler de la cuisine d’écurie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire