dimanche 29 janvier 2023

« La bataille », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité.

 


DEPUIS QUINZE JOURS, LE «SERVICE APRÈS-VENTE» DE TOUTE LA MACRONIE NE PASSE PAS.

Élisabeth Borne ne manque décidément pas de toupet. À la veille du début de l’examen du projet en commission à l’Assemblée, alors que la France s’attend à vivre l’acte 2 de la mobilisation contre la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier, la première ministre s’est donc exprimée sur France Info. Ses mots en disent long sur la méthode et confirment que la tentation du passage en force au Parlement est non seulement actée, mais théorisée. «Ça nest plus négociable, la retraite à 64 ans et laccélération de la réforme Touraine», a déclaré la cheffe du gouvernement, ajoutant: «Cest le compromis que nous avons proposé.» La bataille dans l’Hémicycle n’a même pas débuté, mais l’exécutif montre déjà les dents. La brutalité comme vraie nature politique.

Et ce n’est pas tout! Dans une séquence de communication pour le moins téléguidée, il fallait également lire le Parisien et l’entretien surréaliste du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a accusé la Nupes de vouloir «bordéliser le pays», fustigeant au passage ce qu’il appelle le «gauchisme paresse et bobo». Selon lui, «ceux-là» auraient «un profond mépris de la valeur travail». Avant de préciser: «Le travail nest pas une maladie.» Les Français apprécieront, surtout les 74 % d’entre eux qui estiment que la réforme est «injuste», «inefficace» et «pas nécessaire».

Opinion, Parlement, majorité instable et coincée entre son aile gauche et la nécessité de trouver des alliés du côté de la droite LR: les pontes du gouvernement paniquent. Et pour cause. Depuis quinze jours, le «service après-vente» de toute la Macronie ne passe pas. Au contraire, 57 % de nos concitoyens «comprendraient que les grévistes bloquent le pays», «seul moyen» à leurs yeux de faire capoter le projet de loiLa base sociale est perdue, d’où la volonté de tordre un peu plus la démocratie parlementaire, jusqu’à en bafouer les usages. Une chose est certaine: mardi, une grande partie de la réponse sera dans la rue. Laurent Berger lui-même met en garde lexécutif. Pour le leader de la CFDT, ne pas tenir compte des mobilisations «serait une faute». Macron et Borne sont prévenus…

 

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