mardi 17 janvier 2023

« Debout la gauche », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.



Les syndicats ouvrent la voie: cest en agissant dans lunité la plus large quon se donne le maximum de chances de faire reculer le gouvernement et sa néfaste réforme des retraites. La gauche nest pas en reste et sapprête, elle aussi, à combattre avec ses propres armes, dans l’arène parlementaire et les meetings communs de ses forces. Si la formation d’un arc syndical au complet est suffisamment rare pour être saluée, le rassemblement des partis de gauche contre un projet aussi structurant n’était pas non plus acquis d’avance.

Mesurons le chemin accompli: socialistes, communistes, mélenchonistes, écologistes étaient loin de partager le même credo lors de la mobilisation contre la réforme Sarkozy en 2010. La principale formation dalors, le PS, se disait, par la voix de sa première secrétaire, Martine Aubry, opposée au recul de l’âge légal… mais favorable à faire «travailler plus longtemps» les Français, ce que François Hollande s’empressa d’appliquer durant son quinquennat avec la réforme Touraine. Ce louvoiement n’explique certes pas comment un pouvoir minoritaire dans l’opinion a pu imposer son projet aux 3,5 millions de manifestants recensés par la CGT et la CFDT, le 19 octobre 2010. Mais il est certain que l’impopularité d’une réforme et le nombre d’opposants dans la rue ne font pas tout: encore faut-il que les organisations censées représenter ces derniers sachent faire front commun.

Dénoncée avec constance par le PCF, la division des forces de progrès en deux blocs opposés selon la théorie nocive des «gauches irréconciliables» a longtemps fait le jeu de ladversaire. Depuis, la vie a tranché, et la recomposition du champ politique entraînée par lapparition du macronisme a repositionné toute la gauche selon un nouvel axe unitaire qui sest traduit dans la Nupes. Bien sûr, les partis qui la composent ne sont pas d’accord sur tout. Mais il est au moins un acquis sur lequel grévistes et manifestants peuvent compter: cette fois, la gauche est tout entière debout, au diapason de lopinion majoritaire contre la réforme Macron des retraites. Cette union constitue un atout de taille pour le 19 janvier et ses suites.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire