5 décembre 1986. En plein mouvement étudiant
contre la sélection à l’entrée de l’université, deux jeunes sont tués par la
police. Abdel a 19 ans, Malik, 22. Ces deux morts vont donner un nouveau
sens aux mobilisations de la jeunesse de cet hiver-là. La dénonciation des
violences policières devient l’un des mots d’ordre de la jeunesse et
particulièrement de celle qui vit dans les quartiers populaires.
Mais le « Plus jamais ça » inscrit sur
les pancartes des jeunes manifestants restera lettre morte. Trente et un ans
plus tard, en 2017, le défenseur des droits, Jacques Toubon, publie une enquête
sur les rapports entre la police et la population. Il en ressort que les jeunes
hommes perçus comme noirs ou maghrébins ont 20 fois plus de risques d’être
contrôlés par la police que les autres. Des contrôles, des interpellations dont
certains se terminent en tragédie, comme ce 5 décembre 1986. Malik, Abdel,
Zyed, Bouna, Adama… la liste est longue. Cela fait des dizaines d’années que
les jeunes des quartiers populaires expérimentent dans leur chair cette
violence d’État saupoudrée d’une bonne dose de racisme qui a pour
objectif de les maintenir à leur place.
Conséquence, les rapports entre la police et la jeunesse ne
cessent de se dégrader. La
crainte du contrôle provoque
la tentation de fuite, ce fameux refus d’obtempérer, circonstance dans laquelle
désormais un policier peut faire usage de son arme. Et des morts s’ajoutent aux
morts.
Malik et Abdel n’étaient pas les premiers, et ils
n’ont pas été les derniers à être victimes d’une brutalité policière organisée,
encouragée afin que les populations considérées comme dangereuses se tiennent
sages. Militants, jeunes des quartiers, peuple des ronds-points, tous sont des
cibles de la même doctrine du maintien de l’ordre musclé au service d’un
système politique et économique qui creuse l’inégalité et les injustices.
Chercher à les unir, c’est ce que doit inlassablement tenter de faire la
gauche. C’est cela la grande peur de la bourgeoisie. Et c’est bien pour cela
que la droite et l’extrême droite font feu de tout bois pour les dresser les
uns contre les autres.
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