Le mal les ronge de l’intérieur. Le constat que font
les agents qui ont décidé de prendre la parole est implacable : la police
est gravement malade. « Violences policières, sexisme et racisme ordinaires, dissimulation de délits, abondance de faux en écriture publique, corruption, tyrannie hiérarchique, radicalisation médiatisée des syndicats ou encore politique du chiffre… » écrivent-ils dans un livre riche de témoignages rares.
Ce sont tous ces affres auxquelles sont confrontés quotidiennement des
fonctionnaires censés préserver l’ordre public. Le malaise est si profond que
près de 50 agents se donnent la mort chaque année. Ils ont perdu le sens
du métier parce que la police ne joue plus son rôle, enfermée dans un cercle
vicieux : les
violences internes provoquent des violences envers la population, qui
provoquent à leur tour ressentiment et violences. Et ainsi de
suite.
Face à ce double échec, les syndicats majoritaires,
loin de jouer leur rôle pour améliorer la situation, sont un maillon essentiel
du problème. Leurs principales activités sont d’aider à couvrir les violences,
taire les discriminations, bâillonner les réfractaires. L’impunité devient loi
et les ministres successifs n’ont fait qu’avaliser cet état de fait.
Loin d’être un problème corporatiste, ce délitement
concerne toute la société. D’abord, parce que la politique du chiffre a pour
conséquence directe d’empêcher l’institution de remplir sa mission, donc de
laisser proliférer violences, trafics et injustices. Ensuite, parce que les
valeurs, en vérité fort peu républicaines, qui sont sciemment véhiculées au
sein de la police, couplées à la centralisation du pouvoir constituent un
cocktail explosif à l’heure où l’extrême droite se rapproche du pouvoir. Avec
les courageux témoignages désormais disponibles, le temps du déni doit se
terminer et le paravent des brebis galeuses tomber. Le problème est bien
systémique. Il est temps d’agir. Pour les policiers eux-mêmes, mais aussi et
surtout pour tous les citoyens.
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