Ils s’appelaient Emine Kara, Mir Perwe, Abdulrahman
Kizil. Réfugiés dans notre pays, ils ont été froidement assassinés à la veille
de Noël devant le centre culturel kurde Ahmet-Kaya, à Paris. Depuis, l’émoi est
immense. La colère aussi. Ce crime perpétré par un raciste notoire et
récidiviste a forcément une connotation politique, même si le gouvernement et,
pour l’heure, la justice se gardent de qualifier de terroriste l’acte qui a une
nouvelle fois frappé et endeuillé la communauté kurde. En janvier 2013
déjà, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient lâchement abattues
dans la capitale. À ce jour, ces assassinats n’ont toujours pas été
élucidés.
La responsabilité de l’État français est en jeu. Il ne
peut se complaire dans l’inaction, voire dans les entraves. L’attentat de 2013
fait foi : il est
toujours frappé du sceau du secret-défense. À l’époque, les
autorités s’étaient
pourtant engagées à faire toute
la lumière sur cette tuerie. Dans les faits, elles n’ont jamais contribué à faciliter les investigations, de crainte de froisser
le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Le réquisitoire du procureur de la
République est pourtant clair quant à l’implication des services de
renseignements turcs, le MIT, dans l’élaboration de ces meurtres. La France ne
peut tolérer de tels agissements sur son sol, sauf à s’en rendre complice.
L’histoire de la patrie des droits de l’homme est déjà trop entachée de crimes
politiques non résolus en raison d’une duplicité intolérable.
L’impunité a fait son temps, le secret-défense doit
être immédiatement levé. Le président de la République appelle à faire de
cette fin d’année « un temps de fraternité », à veiller « les uns sur
les autres ». Nous le prenons au mot. Les responsables de la communauté kurde n’ont de cesse d’alerter sur
les menaces qui pèsent sur eux, la France doit les protéger. Des militants sur
notre territoire et en Europe portent une cible dans le dos, la France ne peut
laisser faire. Nous ne remercierons jamais assez les Kurdes pour le lourd
tribut payé dans la lutte contre Daech. À cet égard, Paris s’honorerait à
retirer de la liste des organisations terroristes le PKK. Défendre leur combat,
c’est aussi préserver notre liberté.
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