Un conte commence ainsi : « C’était le soir
du 24 décembre. De
gros flocons de neige venaient tapisser les trottoirs. Une petite fille
marchait dans le froid, la tête et les pieds nus... » Qui n’a pas été bouleversé en lisant la Petite
Fille aux allumettes, de Hans Christian Andersen ? Ce soir,
rien qu’à Paris illuminée pour les fêtes, on estime que 700
enfants vont dormir dans la rue ; 48 bébés y avaient
vu le jour en 2017, 100 en 2018, 146 en 2019. Plus largement, quand bien même les chiffres sont difficiles à établir, 27 000 personnes en France vivraient sans abri. 300 000 seraient sans domicile fixe dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune, des halls d’immeuble. C’est deux fois
plus qu’en 2012 et trois fois plus qu’en 2001. Chaque soir, 4 000 appels au 115 se heurtent, indique la Fondation
Abbé-Pierre, à un refus de prise en charge, faute de
place. Des chiffres qui sont autant de drames face auxquels, quoi qu’on fasse,
on finit par éprouver un sentiment d’impuissance, mais aussi de révolte.
27 juillet 2017. « La première bataille, c’est de loger
tout le monde dignement. Je ne veux plus voir, d’ici la fin de l’année, des
hommes et des femmes dans les rues, dans les bois ou perdus. » Après ces paroles, à la
télévision, Emmanuel Macron a tenté de rétropédaler deux ans plus tard : « J’ai eu à Orléans un mot sur les demandeurs d’asile qui étaient dans la rue. » Les demandeurs d’asile, seulement ? Un mot, pas plus ? Il n’est que de revoir
la séquence pour en juger. Et quand bien même il n’aurait parlé que des
demandeurs d’asile. Chaque nuit, des centaines de mineurs isolés
dorment à même le sol dans nos villes.
Pour les 39 associations unies dans la lutte contre le
mal-logement, l’objectif zéro sans-abri est réaliste, avec des moyens, un
échéancier, en orientant à cette fin l’action politique. L’Union européenne a
adopté, en février dernier, un plan qualifié d’ambitieux. Plus de sans-abri en
2030. « C’est un jalon, une forme d’idéal, pour se dire qu’on est tous portés par un objectif commun », commentait,
à l’époque, Emmanuelle Wargon, la ministre française déléguée au Logement.
2030. Et maintenant ?
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